AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Reconnaissance et valorisation des parcours professionnels
« La validation des acquis d’expériences (VAE), outil de développement du Soi professionnel et personnel »
FOKA S. 1, WERQUIN P. 1
1 Cnam- CRTD, Paris, France
Souvent présentée comme un levier d’insertion ou de mobilité professionnelle, la validation des acquis de l’expérience (VAE) est au cœur des politiques publiques. Ses effets sur l’employabilité sont documentés, bien que rarement à grande échelle. Elle agit à la fois sur l’accès à l’emploi, en renforçant la lisibilité des compétences pour les employeurs, et sur l’employabilité, la certification constituant un élément clé.
Cependant, cette communication s’intéresse à des effets moins visibles et encore peu étudiés : les effets dits « externes », au sens économique du terme, car non explicitement visés par les dispositifs. Ces effets touchent au développement personnel, identitaire et existentiel des individus engagés dans la démarche. Trop souvent, la VAE est analysée uniquement à travers ses résultats certificatifs. Or, elle agit également comme un espace de transformation de soi.
L’analyse repose sur une revue de terrain menée dans plusieurs pays (Afrique, Amérique latine, Europe), nourrie par une expertise cumulative, et s’appuie sur des entretiens, observations, groupes de travail et études de cas. Bien que les données soient éparses, les résultats sont cohérents et permettent de proposer une conceptualisation des effets externes de la VAE, en s’inscrivant dans une logique de psychologie de l’orientation. Il s’agit de clarifier ce que recouvre la notion d’« effets externes », de comprendre comment ils se manifestent, et d’identifier des cadres d’analyse pertinents pour les étudier.
L’objectif est de mieux saisir en quoi la VAE, au-delà de la reconnaissance professionnelle, agit sur le rapport à soi, au travail et à sa propre valeur sociale. La question posée est la suivante : Quels sont les effets externes de la VAE sur le développement de soi, et dans quelle mesure influencent-ils l’employabilité à moyen ou long terme ?
Pour y répondre, le cadre théorique mobilise des travaux sur la reconnaissance (Gagnon, Ricoeur), l’estime de soi (Zarifian, Guerfel-Henda), la fonction psychologique du travail (Clot), et les politiques de reconnaissance des acquis (Werquin). Ces références permettent d’analyser comment la VAE engage le psychisme des candidat·es et transforme leur rapport au travail.
Les résultats montrent que la VAE peut devenir un espace transitionnel (Legrand & Saielli), où la reconnaissance de soi précède celle par les autres. Elle offre à des personnes souvent peu diplômées mais riches d’expériences, la possibilité de se réapproprier leur parcours, structurer leurs compétences et gagner en confiance. La capacité à reformuler ses expériences en compétences est centrale. L’accompagnement joue ici un rôle essentiel : il aide à verbaliser, expliciter et transformer les expériences de travail en compétences reconnues (Prot, 2011). Cette mise en mots restructure les compétences (Clot, 1999) et favorise projection, initiative et confiance – autant de dimensions clés pour une employabilité durable.
En conclusion, cette communication invite à considérer la VAE non seulement comme un outil de certification, mais aussi comme un dispositif de développement existentiel. Elle plaide pour des pratiques d’accompagnement et d’orientation plus attentives aux dimensions subjectives, souvent invisibles mais cruciales à l’efficacité des politiques de reconnaissance des acquis. Cette approche pourrait contribuer à attirer davantage de candidat·es, à un moment où les autorités publiques cherchent à renforcer la participation.
References: