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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session :

Une intervention de job crafting pour promouvoir le fonctionnement des télétravailleurs à l’interface entre les sphères professionnelle et personnelle

THOMAS J. 1,3, HUYGHEBAERT-ZOUAGHI T. 1, DIONNE F. 2, CARUANA S. 1, LAHIANI F. 4, FERNET C. 3, BERJOT S. 1

1 Université de Reims Champagne-Ardenne, C2S, Reims, France; 2 Université du Québec à Trois-Rivières (Département de Psychologie), Trois-Rivières, Canada; 3 Université du Québec à Trois-Rivières, M2Être, G-SMAT, Canada, Trois-Rivières, Canada; 4 AD Conseil, Malakoff, France

Apport théorique : En dissipant les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle, le télétravail peut mettre en difficulté les employés. Or, la flexibilité inhérente au télétravail ouvre une voie prometteuse pour leur permettre d’agir sur leur environnement de travail afin de prévenir ces difficultés. Ce contexte semble en effet propice à des interventions ascendantes (e.g., job crafting : comportements proactifs des employés visant à augmenter les ressources sociales et structurelles, réduire les contraintes obstacle et augmenter les contraintes défi ; Tims et al., 2012). En dépit de ce contexte favorable et des bénéfices démontrés d’interventions formant des employés au job crafting (Oprea et al., 2019), les études testant leur efficacité en contexte de télétravail sont rares et présentent des limites. Afin d’enrichir les connaissances quant à l’efficacité de telles interventions et à leurs effets sur le fonctionnement psychologique des télétravailleurs, cette recherche visait à adapter une intervention de job crafting au télétravail, et à en tester les effets sur les comportements de job crafting, l’engagement et l’ennui au travail, la performance en télétravail et le conflit de la vie professionnelle sur la vie privée (WHC).
Méthodologie : Une étude expérimentale pré-/post-intervention a comparé un groupe expérimental (n = 35) et un groupe contrôle sur liste d’attente (n = 52), conformément aux recherches antérieures ayant recours à cette méthode plutôt qu’à une formation alternative (voir Demerouti et al., 2019). Les participants (Mâge = 44,79) travaillaient en France, en majorité dans le secteur tertiaire (85,95 %), et télétravaillaient en moyenne 3,06 jours par semaine. Les participants du groupe expérimental suivaient une formation en ligne qui les familiarisait au job crafting et les invitait à se fixer des objectifs de job crafting en télétravail, qu’ils tentaient ensuite d’atteindre pendant trois semaines, les jours où ils télétravaillaient. Juste avant l’intervention et quatre semaines après celle-ci, les participants des deux groupes complétaient une enquête en ligne mesurant le job crafting, l’engagement et l’ennui au travail, la performance en télétravail et le WHC.
Résultats : Des modèles linéaires généraux à mesures répétées ont révélé une efficacité partielle de l’intervention. Plus précisément, le groupe expérimental rapportait des niveaux plus élevés d’augmentation des ressources sociales après l'intervention par rapport aux niveaux pré-intervention et au groupe contrôle. Des tests t ont également révélé une diminution des comportements d’augmentation des contraintes défi pour le groupe contrôle, alors que le groupe expérimental ne présentait aucune différence, suggérant un effet protecteur de l’intervention. Des tests t ont enfin révélé une diminution significative du WHC pour le groupe expérimental, tandis que le groupe contrôle ne bénéficiait pas d’une telle diminution.
Discussion : Cette recherche apporte des connaissances nouvelles sur les interventions ascendantes en télétravail. Elle révèle des résultats encourageants – mais perfectibles – concernant les effets d’une intervention de job crafting en ligne pour améliorer les comportements de job crafting et le fonctionnement psychologique des télétravailleurs. En particulier, elle apparaît prometteuse pour réduire leur WHC, un résultat primordial dans un contexte où les sphères professionnelle et personnelle sont fortement intégrées (Allen et al., 2015).

References:

  • Allen, T. D., Golden, T. D., & Shockley, K. M. (2015). How effective is telecommuting? Assessing the status of our scientific findings. Psychological Science in the Public Interest, 16(2), 40–68. https://doi.org/10.1177/1529100615593273
  • Demerouti, E., Peeters, M. C. W., & van den Heuvel, M. (2019). Job crafting interventions: Do they work and why? In L. Van Zyl & S. Rothmann Sr. (Eds.), Positive psychological intervention design and protocols for multi-cultural contexts (pp. 103–125). Springer. https://doi.org/10.1007/978-3-030-20020-6_5
  • Oprea, B. T., Barzin, L., Vîrg?, D., Iliescu, D., & Rusu, A. (2019). Effectiveness of job crafting interventions: A meta-analysis and utility analysis. European Journal of Work and Organizational Psychology, 28(6), 723– 741. https://doi.org/10.1080/1359432X.2019.1646728
  • Tims, M., Bakker, A. B., & Derks, D. (2012). Development and validation of the job crafting scale. Journal of Vocational Behavior, 80(1), 173– 186. https://doi.org/10.1016/j.jvb.2011.05.009