AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Sens et place du Travail
L’amour du travail : entre des approches complexes et des variables simples ?
BRANGIER E. 1, DESMARAIS M. 2
1 Université de Lorraine, Metz, France; 2 Ecole Polytechnique de Montréal, Montréal, Canada
Introduction
L’objectif de cette recherche est de cerner les variables qui expliquent que l’on aime ou pas son travail. Lorsque vous aimez votre travail, vous ne le considérez pas comme une charge, mais comme quelque chose que vous choisissez de faire parce que vous l'aimez.
Cadrage
Différents ouvrages de PTO dont Valléry, Bobillier Chaumon, Brangier & Dubois (2024) font l'impasse sur la notion d'amour du travail, alors qu'on la retrouve fréquemment dans les propos des travailleurs ou dans certains questionnaires de santé au travail.
Problème
Peut-on décrire l’amour du travail par de la fouille de données menée sur un grand nombre de salariés ayant répondu au questionnaire SATIN (Grosjean, Kop, Formet-Robert & Althaus, 2017) de l'INRS? Ce questionnaire pose directement aux salariés cette question : « 74 : j’aime mon travail ». Dès lors, il est possible de croiser cette question avec d’autres afin d'en comprendre les déterminants.
Méthode
L’échantillon.
Dans le cadre d’enquêtes sur la santé au travail commanditées par des entreprises, l’Unité de Prestation et de Services « Managemétrie » de l’Université de Lorraine a interrogé avec SATIN 11381 salariés provenant de 44 entreprises françaises entre 2018 et 2023. 9061 salariés ont répondu, soit un taux de réponses net de 79,6%.
Traitement des données.
Préparation. Dans un premier temps, les données brutes ont été traitées afin de gérer les valeurs manquantes et transformer les variables conformément aux recommandations psychométriques de SATIN (Kop, Formet-Robert, Althaus & Grosjean, 2015). Ce traitement a notamment réduit le nombre de répondants de 9061 à 9002, soit un taux final de 79,1 %.
Exploration des données. En deuxième étape, nous avons analysé et visualisé les données pour comprendre leur structure, identifier des tendances et formulé des hypothèses sur les liens entre les variables et les scores.
Modélisation des données. Enfin, nous avons exploré différents modèles d'analyse. Les régressions linéaires se sont révélées plus efficaces et explicatives que les réseaux de neurones, et que des méthodes non supervisées comme l’agglomération (clustering).
Résultats
C’est donc sur une dizaine de milliers de salariés interrogés que nous avons cherché à comprendre les facteurs permettant de prédire les comportements d’amour du travail. Ces résultats tendent à montrer que l'amour du travail est une forme d'engagement affectif et psychologique qui se nourrit de variables assez simples et principalement centrées sur l’activité. Ainsi, l'amour du travail est prédictible par des scores élevés à l’échelle « activité, contenu du travail » (coeff = 0,52, t-value = 42.03, p***) puis dans une moindre mesure par le « stress » (coeff = 0,11, t-value = 9,02 p***), par la « santé psychologique » (coeff = 0,08, t-value = 6,14, p***) et enfin par « le contexte organisationnel, gestion des rh » (coeff = 0,07, t-value = 5.82, p***). Pour les calculs de cette régression linéraire, toutes les variables ayant été normalisées, le coefficient représente le poids relatif de chaque variable prédictive.
Assez loin d’être une notion fourre-tout, l’amour du travail s'inscrit dans l'idée que le travail, bien que source de contraintes et de souffrances, est un processus où s'exprime d’abord le contenu de l’activité et ensuite les effets contextuels de l’activité (santé, relation). De ces dernières tend à naitre ou pas l’amour du travail.
Remerciements : Fonds Mercy pour la Santé et Sécurité au Travail.
References: