Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Défis et Plaisirs du Quotidien Professionnel
Dans mon travail j’aime… Dans mon travail je n’aime pas…
BRANGIER E. 1
1 Université de Lorraine, Metz, France
Introduction
« J’aime mon travail » ou « je n’aime pas mon travail » sont des phrases que l’on entend souvent. Elles relèvent d’une expression directe sur un ressenti : soit de charge, pression, souffrance, soit au contraire d’un allègement, d’un enthousiasme, d’une motivation. Mais comment expliquer ce sentiment ? D’où vient-il ? Qu’est-ce que les salariés aiment ou n’aiment pas dans leur travail ? Notre recherche vise à cerner, classer et compter les verbalisations de ce que l’on aime ou pas dans son travail en nous référant au contenu du travail, aux conditions de travail, aux relations de travail, à l’organisation du travail, et à la culture et aux valeurs du travail.
Orientations théoriques
En PTO, l’amour du travail n’est pas identifié comme un concept-clé (Bobillier Chaumon, Vallery, Brangier & Dubois, 2024). Il s’agit plutôt d’une notion d’arrière-plan relative à plusieurs concepts, liés à des approches transversales qui cherchent à expliquer l’investissement dans le travail par :
La motivation (Deci & Ryan, 2000),
L’engagement au travail (Bakker & Oerlemans, 2016),
La passion harmonieuse (Vallerand, 2015),
La congruence travail-organisation-personne (Amy, 1996), ;
L’activité professionnelle dans sa dimension personnelle, opérationnelle et relationnelle (Clot, 2006).
Le « job design » (Oldham & Fried, 2016).
Enfin, à sa manière, le « job crafting » (Wrzesniewski & Dutton, 2001).
L'amour du travail relève d’autres concepts que l’amour lui-même : motivation, design d’emploi, activité, empowerment, implication, satisfaction, bien-être, congruence…
Problème
Que recouvre l’amour ou la haine du travail ? Pour notre part, nous avons fait le choix de détailler cette notion de « aimer son travail » par une analyse de contenu thématique menée sur un grand nombre de salariés ayant répondu aux questions « 76. Dans mon travail, ce que j’aime… » et « 77. Dans mon travail, ce que je n’aime pas… » du questionnaire SATIN version 3.0 de l’INRS et de l’Université de Lorraine (Grosjean, Kop, Formet-Robert & Althaus, 2017). Notre approche est donc descriptive. Elle fait un état des lieux des expressions sur l’amour du travail qui va au-delà d’une première étude exploratoire, réduite et statistique menée par analyse textuelle des données lexicales (Brangier & Brangier, 2022).
Méthode
Dans le cadre d’enquêtes sur la santé au travail commandités par 42 entreprises, l’Unité de Prestation et de Services « Managemétrie » de l’Université de Lorraine, a interrogé avec SATIN 10620 salariés entre 2018 et 2023. 7113 salariés ont rédigé 19214 verbatims positifs (46,34%) et 6464 salariés ont exprimés 16592 verbatims négatifs (53,66%). Pour étudier ces verbatims, nous avons conduit une analyse de contenu thématique selon la méthode de Berelson afin d’avoir une description systématique et quantitative du contenu des communications.
Résultats
Cinq catégories apparaissent:
Le contenu du travail (14,49% des items positifs vs. 4,26% négatifs)
Les conditions de travail (3,05% des items positifs vs. 10,87% négatifs)
Les relations de travail restituent une tension entre un climat positif (15,55% des items) et négatif (15,70% des items).
L’organisation du travail est traitée de manière plus positive (16,93%) que négative (11,70%)
La culture et les valeurs rassemblent le moins d’items (3,81% négatifs vs. 3,64% positifs).
D'autres sous-thèmes seront présentés pour souligner l'amour et le désamour du travail.
Remerciements : Fonds Mercy pour la Santé et Sécurité au Travail.
References:
1. Amy L. K. (1996). Person-organization fit: an integrative review of its conceptualizations, measurement, and implications. Personnel Psychology. Volume 49, Issue 1 p. 1-49 https://doi.org/10.1111/j.1744-6570.1996.tb01790.x
2. Bakker, A. B., & Oerlemans, W. G. M. (2016). Momentary Work Happiness as a Function of Enduring Burnout and Work Engagement. The Journal of Psychology, 150(6), 755–778. https://doi.org/10.1080/00223980.2016.1182888
3. Brangier, E. & Brangier, B. (2022). What do you like or dislike about your work? First explorations on the global appreciation of work. In: Salman Nazir.(eds) AHFE Applied Human Factors & Ergonomics. Advances Human Factors in Management and Leadership. https://doi.org/10.54941/ahfe1002236 Vol. 55, 2022, 88–95. https://openaccess.cms-conferences.org/publications/book/978-1-958651-31-5/article/978-1-958651-31-5_12
4. Clot, Y. (2006). Clinique du travail et clinique de l'activité. Nouvelle revue de psychosociologie, n° 1(1), 165-177. https://doi.org/10.3917/nrp.001.0165
5. Grosjean, V., Kop, J-L, Formet-Robert, N., & Althaus, V. (2017). SATIN version 3.0 : un questionnaire d’évaluation de la santé et du bien-être au travail pour la prévention, le diagnostic et l’intervention. INRS. Note Scientifique 344. 39p. https://www.inrs.fr/risques/bien-etre-travail/questionnaire-satin.html
6. Oldham, R.G., & Yitzhak Fried, Y. (2016). Job design research and theory: Past, present and future, Organizational Behavior and Human Decision Processes, Volume 136, Pages 20-35, https://doi.org/10.1016/j.obhdp.2016.05.002.
7. Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2000). Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation, social development, and well-being. American Psychologist. 55 (1): 68–78. doi:10.1037/0003-066X.55.1.68
8. Vallerand, R. J. (2015). Psychology of Passion: A dualistic model. New York, NY : Oxford University Press.
9. Vallery, G., Bobillier Chaumon, M-E., Brangier, E., & Dubois, M. (2024, 3ème édition augmentée). Psychologie du travail et des organisations : 120 notions clés. Dunod. 496 pages.