AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Session posters 3 - 10 juillet de 10h30 à 11h00
L’effet protecteur du soutien social sur l’épuisement professionnel : variation en fonction de l’orientation sexuelle
ROSSI M. 1,2, BAIOCCO M. 1,2, MEUNIER S. 1,2
1 UQAM - Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada; 2 L'espace T - Laboratoire de recherche sur la santé psychologique au travail, Montréal, Canada
Contexte – Les personnes issues de la diversité sexuelle (DS) rapportent des taux d’épuisement professionnel accrus en comparaison aux personnes hétérosexuelles (Viehl & Dispenza, 2015). Le soutien social au travail pourrait être une ressource importante pour réduire cet épuisement puisque des études auprès de la population générale indiquent qu’il permettrait de diminuer l’effet délétère de la charge de travail sur l’épuisement (Bakker et al., 2014). Par ailleurs, cet effet protecteur pourrait agir différemment pour les personnes DS qui présenteraient une hypersensibilité au soutien social (Feinstein, 2020). Par exemple, le soutien social exercerait un rôle modérateur sur la relation entre stress et symptômes dépressifs quatre fois plus important chez les personnes DS que chez les personnes hétérosexuelles (Jacmin-Park et al., 2022). La présente étude vise alors à examiner cet effet en contexte de travail et à déterminer si l’effet modérateur du soutien social sur la relation entre charge de travail et épuisement professionnel est différent chez les personnes DS.
Méthode – 635 employés et gestionnaires travaillant dans des organismes sans but lucratif du secteur de la santé et des services sociaux ont répondu à un questionnaire en ligne. Parmi eux, 20% s’identifiaient comme DS, soit davantage que dans la population générale (6,5% ; Jones, 2022). Le questionnaire mesurait l’orientation sexuelle, les charges quantitative (c.-à-d. une quantité élevée de travail) et émotionnelle (c.-à-d., des tâches exigeantes émotionnellement), le soutien social au travail (des collègues et du supérieur), et l’épuisement professionnel. Des analyses de modérations modérées ont été effectuées grâce à la macro PROCESS de Hayes (2017).
Résultats – Les analyses ont révélé que les charges quantitative et émotionnelle étaient toutes deux associées à des niveaux plus élevés d’épuisement, mais demeuraient indépendantes de l’orientation sexuelle, qui était quant à elle associée négativement au soutien social et positivement à l’épuisement. De plus, les analyses de modérations modérées ont révélé que l’effet modérateur du soutien social n’était significatif que chez les travailleurs DS. Plus spécifiquement, le soutien des collègues permettait d’atténuer l’association entre la charge émotionnelle et l’épuisement professionnel dans cette population, alors que cet effet modérateur n’était pas significatif chez les personnes hétérosexuelles.
Apport théorique – Alors que les enjeux d’équité, de diversité et d’inclusion préoccupent de plus en plus les organisations, cette étude est la première à mettre l’emphase sur l’orientation sexuelle comme variable d’importance pour comprendre comment le soutien social au travail peut influencer l’épuisement professionnel. Contrairement à ce que plusieurs articles avancent, le soutien social au travail n’influencerait pas systématiquement l’effet négatif des charges de travail sur l’épuisement. En effet, seul le soutien des collègues chez les personnes DS semblait pouvoir atténuer l’augmentation d’épuisement due à une charge émotionnelle trop élevée. Bien que cette caractéristique personnelle ne soit pas toujours connue des employeurs, ces résultats encouragent la mise en place d’interventions globales (ex. : sensibilisation des équipes aux enjeux propres aux personnes DS) ou, lorsque possible, personnalisées (ex. : mise en place de groupes d’affinités) afin de maximiser les effets bénéfiques du soutien social pour les personnes DS.
References: