AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Validation préliminaire d’une adaptation franco-canadienne de l’Échelle de Clance du Phénomène de l’Imposteur : proposition d’un modèle bifactoriel
DENICOURT M. 1, BOUDREAULT L. 1, MARTIN S. 1, LALLIER BEAUDOIN M. 1, BRASSARD A. 1
1 Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Canada
Apparu dans les écrits scientifiques de Pauline Rose Clance et Suzanne Imes en 1978 portant sur les femmes hautement performantes, le phénomène de l’imposteur a depuis été étudié dans différents milieux et dans de nombreuses populations (p. ex., Simon et Choi, 2017). À ce jour, plusieurs définitions et conceptualisations de cette expérience courante ont vu le jour (p. ex., Clance, 1985; Harvey et Katz, 1985; Kolligan et Sternberg, 1991), mais la majorité des auteurs s’entendent pour dire que trois éléments semblent ressortir de ce concept, soit 1) une impression d’inauthenticité, d’illégitimité et d’inadaptation malgré des signes objectifs de réussite; 2) une tendance à dénigrer ses réalisations et à les attribuer à des facteurs externes; et 3) une peur d’être démasqué à tout moment par les autres. En dépit de sa popularité auprès de la communauté scientifique, il n’existe toujours pas de consensus quant à la mesure et à la dimensionnalité de ce construit (Mak et al, 2019). En effet, des modèles unidimensionnels (Impostorism Scale; Leary et al., 2000), bidimensionnels Perceived Fraudulence Scale; Kolligan & Sternberg, 1991), tridimensionnels (Harvey Impostor Phenomenon Scale; Harvey, 1981), et plus récemment, bifactoriels (Brauer et Proyer, 2023; Wang et al., 2022), ont été proposés Toutefois, la communauté scientifique ne semble pas favoriser davantage l’une de ces approches en particulier, bien que la Clance Imposter Phenomenon Scale est l’outil de mesure le plus utilisé afin de mesurer l’expérience d’imposture (Mak et al., 2019). La présente étude a ainsi pour visée de valider préliminairement une première adaptation canadienne-française de la Clance Imposter Phenomenon Scale (CIPS-CF) et d’en déterminer la structure factorielle. Suivant un processus rigoureux de traduction et d’adaptation, la CIPS-CF a été validée auprès d’un échantillon de 292 personnes âgées de 18 ans et plus, résidant au Canada et détenant une bonne maîtrise du français. En plus de la CIPS-CF, les personnes participantes ont également été invitées à compléter six instruments, soit la Workplace Imposter Thoughts, l’Inventaire abrégé de dépression de Beck, l’Inventaire d’anxiété de Beck, l’Échelle d’estime de soi de Rosenberg, le Questionnaire de perfectionnisme-révisé ainsi que la Level of Personality Functionning Scale Brief Form 2.0. Les modélisations par équations structurelles exploratoires réexprimées selon l’analyse factorielle confirmatoire (ESEM-within-CFA) révèlent qu’un modèle bifactoriel, où coexistent un facteur général du phénomène de l’imposteur et trois facteurs spécifiques (inauthenticité, chance et dévalorisation), présente le meilleur ajustement aux données. Les coefficients de cohérence interne du facteur global et des trois dimensions appuient la fidélité de l’instrument. En termes de validité de construit, le score global de la CIPS-CF présente une forte association positive avec les pensées d’imposture au travail, le perfectionnisme et le fonctionnement intrapersonnel. Une forte association négative avec l’estime de soi, un lien positif modéré avec les symptômes anxieux et dépressifs, et une faible corrélation avec le fonctionnement interpersonnel sont également rapportés. En plus de suggérer la CIPS-CF comme un nouvel instrument en langue française fidèle, valide et parcimonieux, la proposition d’une structure bifactorielle s’inscrit en continuité de récentes avancées vers une compréhension plus riche et nuancée du phénomène de l’imposteur.
References: