La convention relative aux droits des personnes handicapées (2007) impose aux états signataires de promouvoir l’accès et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Cependant, seulement 30% d’entre elles occupent un emploi (Ananian et al., 2024). Cette situation est d’autant plus préoccupante pour les personnes présentant une déficience intellectuelle, qui occupent plus souvent des postes de travail en milieu protégé (Lysaght et al., 2015). En France, ce milieu est majoritairement composé des Établissements et Services d’Accompagnement par le Travail (ESAT) relevant du secteur médico-social. Parmi les personnes que ces établissements accueillent, 64% d’entre elles présentent une déficience intellectuelle (Rapport de l'IGAS et de l'IGF, 2019).
Compte tenu de l’effet potentiel de l'emploi sur l'égalité des droits, la santé et la qualité de vie des personnes présentant une déficience intellectuelle ; leur bien-être professionnel doit être une priorité. Selon Chari et collaborateurs (2018), le bien-être au travail est « l'expérience de perceptions positives et la présence de conditions constructives au travail et au-delà, qui permettent aux travailleurs de s'épanouir et de réaliser leur plein potentiel ». Ce dernier est déterminant pour favoriser leur maintien dans l'emploi (Lysaght et al., 2015). Or, encore trop peu d’études se sont intéressées au bien-être au travail chez les personnes présentant une déficience intellectuelle, population encore trop souvent exclue de la recherche dans le domaine de la santé (Bishop et al., 2024).
La présente étude qualitative visait donc à mieux caractériser le bien-être au travail des travailleurs?euses présentant une déficience intellectuelle en ESAT.  Pour cela, des travailleurs.euses évoluant en ESAT et des professionnel?les les accompagnant sur leur lieu de travail (monteurs?rices d’ateliers, éducateurs?rices techniques spécialisé?es) ont réalisé des entretiens individuels semi-directifs. Ces entretiens ont été conduits en suivant un guide d’entretien semi-directif reposant sur le modèle théorique du DISC-R (Demand-Induced-Strain Compensation - Recovery ; De Jonge & Dormann, 2003) qui a montré son intérêt dans le milieu de travail ordinaire (Peeters et al., 2014) et la théorie de la récupération de Sonnentag (Sonnentag, 2001; Sonnentag & Fritz, 2007). Le guide a été adapté au profil des participant?es en consultation avec des professionnel?les de terrain. Les entretiens réalisés ont entièrement été retranscrits et font l’objet d’une analyse de contenu (Braun & Clarke, 2006) basée sur une approche déductive (i.e., à partir du modèle du DISC-R) et inductive, en cours de réalisation.
Nous faisons l’hypothèse que le discours des participant·e·s fera apparaître des éléments classifiables dans les catégories principales du DISC-R, la théorie de la récupération et les indicateurs de bien-être au travail présents dans la littérature. En complément, des éléments pouvant influencer le bien-être au travail dans cette population émergerons des entretiens. Les analyses préliminaires des entretiens indiquent que les capacités physiques (e.g., force, endurance) et les compétences psycho-sociales (e.g., communication, gestion des émotions) développées pendant la pratique d’activités physiques pourraient apporter des ressources supplémentaires aux travailleurs?euses pour accomplir leurs tâches professionnelles. Les résultats de ces analyses finalisées seront présentés lors du congrès.