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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session : Le Travail Intergénérationnel

Le lien entre le sens au travail et l'employabilité chez le travailleur de plus 45 ans. Rôle critique de la perspective temporelle future.

BAZINE N. 1, PIGNAULT A. 1, GUILBERT L. 2, BERNAUD J. 3, SAINT-GERMES E. 4, PIJOAN N. 2

1 Université de Lorraine, Nancy, France; 2 Université Paul Valéry Montpellier 3, Montpellier, France; 3 CNAM-Inetop, Paris , France; 4 Université Côte-d'azur, Nice, France


Avec le vieillissement de la force de travail en Occident, les politiques publiques encouragent les travailleurs à reculer l’âge de départ à la retraite. Cette évolution pose la question de l’employabilité des travailleurs de 45 ans et plus, qui tend à diminuer avec l’âge (De Lange et al., 2021). 
Ainsi, plusieurs recherches ont souligné la nécessité de mieux cerner les antécédents de l’employabilité afin de freiner le déclin de l’employabilité avec l’âge (Harari et al., 2021). En nous basant sur le modèle du sens au travail (Steger et al., 2013) et du modèle de motivation avec l’âge de Froehlich et al. (2015), nous formulons l’hypothèse générale selon laquelle le sens au travail serait relié à l’employabilité à travers la médiation des perspectives temporelles futures et du développement proactif de compétences. Cela nous permet de postuler les hypothèses suivantes : (H1) le sens au travail est relié positivement aux perspectives temporelles futures, (H2) les perspectives temporelles futures sont positivement reliées au développement proactif de compétences, (H3) le développement proactif de compétences est relié positivement à l’employabilité, et (H4) le sens au travail est relié à l’employabilité à travers une médiation séquentielle impliquant les perspectives temporelles futures et le développement proactif de compétences.  
1749 travailleurs seniors français de tous secteurs d’activité ont participé à l’étude à travers un questionnaire mesurant les différentes variables en jeu et récruté grâce au soutien d’un institut de recueil de participants respectant les lignes de conduites de la CNIL et le RGPD. Cet échantillon est composé de 943 femmes (53,9%) de 806 hommes (46.1%) avec une moyenne d’âge de 54,80 ans (ET=5,61). 
Une analyse factorielle confirmatoire a permis de valider la structure de nos échelles. Nous avons ensuite testé nos hypothèses par équations structurelles, avec le logiciel Mplus 8.4. H1 est soutenue avec un lien entre le sens au travail et les perspectives temporelles futures (β = .36, p < .001). Il en est de même pour H2 avec un lien entre les perspectives temporelles futures et le développement proactif de compétences (β = .68, p < .001) et pour H3 avec un lien entre le développement proactif de compétences et l’employabilité mesurée en deux dimensions (β = .37, p < .001) ; (β = .66, p < .01). Enfin, H4 est confirmée avec une médiation séquentielle reliant le sens au travail à l’employabilité (β = .13, p < .01, 95% CI [.11, .15]) ; (β = .16, p < .01, 95% CI [.13, .18]). 
Nos résultats soutiennent le fait que de ressentir du sens au travail serait un levier essentiel au développement de l’employabilité des travailleurs de plus de 45 ans. Notre recherche souligne aussi l’importance des perspectives temporelles futures et du sens au travail pour développer une vision positive de son avenir professionnel et d’y percevoir plus d’opportunités professionnelles, ce qui conduirait à un engagement dans le maintien de l’employabilité. L’un des apports majeurs de cette étude est de mettre en évidence le mécanisme par lequel le sens du travail favorise l’employabilité et d’enrichir les travaux sur les perspectives temporelles futures, dont les antécédents ont été peu étudiés. 
Ces avancées offrent des pistes pour les organisations souhaitant soutenir l’employabilité de ces travailleurs, notamment par le développement du sens au travail. Des limites, ainsi que d’autres perspectives théoriques et pratiques, seront discutées. 

References:

  • Froehlich, D. E., Beausaert, S. A. J., & Segers, M. S. R. (2014). Age, employability and the role of learning activities and their motivational antecedents: a conceptual model. The International Journal of Human Resource Management, 26(16), 2087–2101. https://doi.org/10.1080/09585192.2014.971846
  • De Lange, A. H., Pak, K., Osagie, E., van Dam, K., Christensen, M., Furunes, T., Løvseth, L. T., and Detaille, S. (2021), “An open time perspective and social support to sustain in healthcare work: Results of a two-wave complete panel study”, Frontiers in Psychology, Vol. 17 No. 11, 1308. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2020.01308
  • Harari, M. B., McCombs, K., and Wiernik, B. M. (2021), “Movement capital, RAW model, or circumstances? A meta-analysis of perceived employability predictors”, Journal of Vocational Behavior, Vol. 131 No. 2, 103657. https://doi.org/10.1016/j.jvb.2021.103657
  • Steger, M. F., Dik, B. J., & Duffy, R. D. (2012). Measuring meaningful work: The work and meaning inventory. Journal of Career Assessment, 20, 322–337. doi:10.1177/1069072711436160