picture_as_pdf Télécharger en PDF

AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session :

Acceptabilité de l’intelligence artificielle : décryptage des attentes et des préoccupations des employés fédéraux canadiens

DIMA J. 1, GILBERT M. 2, BOUCHER F. 2

1 Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud, HES-SO, Yverdon-les-Bains, Switzerland; 2 Université Laval, Québec, Canada

Introduction
L’intelligence artificielle (IA) fascine autant qu’elle questionne. Son intégration dans le monde du travail suscite des attentes ainsi que des préoccupations de la part des travailleurs. D’ailleurs, jusqu’à 75 % des changements technologiques échouent notamment à cause du facteur humain. Ainsi, dans le cadre du changement technologique que représente l’adoption de l’IA, il est essentiel de s’intéresser à ce facteur humain. Or, peu de recherches se sont précisément intéressées à ce sujet. La quantité limitée de littérature peut toutefois s’expliquer par le fait que l’IA est une technologie particulièrement récente dans les milieux de travail. De plus, parmi ces rares études, la majorité n’utilise pas de cadres théoriques pour analyser l’acceptabilité de l’IA. Pour celles qui le font, ce sont majoritairement la théorie unifiée de l'acceptation et de l'utilisation des technologies (UTAUT) et le modèle d'acceptation de la technologie (TAM) qui sont utilisés alors qu’ils comportent certaines limites qui ne permettent pas d’explorer les spécificités de l’acceptabilité de l’IA du point de vue des employés. L’utilisation d’autres théories en management pourraient être alors mobilisées pour développer une compréhension plus approfondie des réactions des employés face à cette technologie émergente. Ainsi, la présente étude propose d’utiliser la théorie des phases de préoccupations (Bareil, 2004) pour apporter un éclairage différent à l’acceptabilité de l’IA des employés.

Méthodologie
L’étude adopte une approche qualitative de manière à faire davantage ressortir les spécificités liées à cette technologie. Considérant que les études sur le sujet sont réalisées avec des devis quantitatifs, l’approche qualitative apparait particulièrement intéressante dans le contexte d’une technologie émergente. Ainsi, 29 entretiens semi-directifs ont été réalisés avec des employés fédéraux canadiens afin d’explorer leurs préoccupations et attentes concernant l’IA. Une analyse thématique des données a été réalisée sur la base de la théorie des phases de préoccupations, permettant d’identifier les réactions des employés selon 7 différentes étapes de l’acceptabilité du changement.

Résultats
Les résultats mettent en lumière une diversité de réactions des employés face à l’IA, allant de l’indifférence à l’enthousiasme en passant par la prudence et la résistance. Ces observations confirment que l’acceptabilité de l’IA ne peut pas être traitée comme un processus linéaire et nécessite une approche contextuelle tenant compte des perceptions évolutives des travailleurs.

Discussion
Cette étude contribue à enrichir la compréhension de l’acceptabilité de l’IA en proposant une analyse approfondie des réactions des employés. Au-delà des études quantitatives existantes, cette recherche met en avant la richesse des perceptions individuelles. Elle souligne entre autres l’importance de la communication, de la formation et de la gestion du volet humain du changement pour atténuer les préoccupations et favoriser une adoption réussie de l’IA. Cette étude apporte également des implications pratiques pour les gestionnaires du secteur public, en leur offrant des recommandations pour intégrer plus efficacement l’IA en misant sur l’engagement des employés. Enfin, elle ouvre la voie à de futures recherches pour approfondir les spécificités de l’acceptabilité de l’IA au travail.

References:

  • Bareil, C. (2004). Gérer le volet humain du changement. Les Éditions Transcontinental.