AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Justice et Discrimination au Travail
Structure conceptuelle de la justice et de l’injustice organisationnelles : une revue de la littérature
LE FLOCH V. 1, NGUYEN V. 1, CASCINO N. 1
1 Université Toulouse Jean Jaurès, Toulouse, France
Cadrage théorique
La justice organisationnelle se définit comme la perception qu'ont les individus de ce qui est juste ou injuste au sein de l'organisation, qu'il s'agisse de politiques, de procédures ou de décisions qui les concernent (Botte, 2014 ; Steiner, 2016). Deux conceptualisations co-existent : d’une part, la justice avec composantes, telles que les justices distributive, procédurale, interpersonnelle et informationnelle (Colquitt, 2001) ; d’autre part, la justice globale qui reflète un sentiment général d’équité (Ambrose & Schminke, 2009).
Problématique
Les liens entre la justice organisationnelle et les attitudes et comportements sur le lieu de travail ont fait l'objet de nombreuses études. Alors que la justice organisationnelle est reconnue comme un facteur contribuant au bien-être et à la performance, l'injustice produit des effets néfastes tels que l’hostilité et le stress (Cachon-Alonso & Elovainio, 2022; Colquitt et al., 2015, 2022). Or, se pose la question de savoir si justice et injustice organisationnelles sont les extrémités opposées d'une même dimension (structure bipolaire) ou s'il s'agit de deux concepts distincts (structure bivariée). Cette revue de la littérature standardisée de type étude de la portée (scoping review) vise à clarifier cette question. Ceci est essentiel pour développer des interventions spécifiques, adéquates et efficaces visant à améliorer la santé mentale des travailleurs et travailleuses et la performance des organisations. La justice organisationnelle pourra alors jouer pleinement son rôle de levier d’action majeur sur la qualité de vie au travail.
Méthode
La revue a été réalisée en suivant les recommandations méthodologiques de Arksey et O’Malley (2005) et les quatre phases du protocole PRISMA-ScR. La première phase a permis d’identifier 1011 sources de données pertinentes (références telles que articles, ouvrages, thèses) à partir de 11 bases de données et 4 sites internet. Le nombre de sources a été réduit à 844 en retirant les doublons. Puis, 321 sources ont été examinées en texte intégral ce qui a abouti à 162 sources incluses. Parmi ces dernières, 29 fournissent des informations directes sur la structure conceptuelle ou la distinction entre justice et injustice et 133 ont été incluses du fait de l’utilisation d’un outil de mesure clairement référencé. Ainsi, 78 échelles ont été recensées offrant des indications précieuses sur l’opérationnalisation de la justice/injustice.
Résultats et discussion
La structure bipolaire de la justice organisationnelle a été adoptée dans l’intégralité des sources de données ou presque. Seules deux sources évoquent la possibilité d’une structure bivariée concernant le concept de justice globale et un seul outil est mentionné comme pouvant être utilisé de manière bivariée. La revue réalisée révèle un manque de fondements théoriques et de preuves empiriques qui permettraient de trancher au sujet de la possibilité de deux concepts distincts ou non. Convoquer le concept de justice globale et le recours à des échelles intégrales balayant tout le continuum injustice-justice (Colquitt et al., 2015) pourraient être des pistes pour mieux appréhender la distinction entre justice et injustice et leurs éventuels effets différenciés. Dans l'état actuel des connaissances, la structure conceptuelle de la justice et de l'injustice reste un sujet de débat académique — non seulement controversé, mais également sous-exploré — qui nécessite des recherches plus approfondies.
References: