AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Pensées d’imposture au travail : détresse psychologique, dysfonctions et différences de genre
LALLIER BEAUDOIN M. 1, RICHARD S. 1, DENICOURT M. 1, BOUDREAULT L. 2
1 Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Canada; 2 Université du Québec à Chicoutimi, Chicoutimi, Canada
Contexte
Le phénomène de l’imposteur suscite un vif intérêt dans la littérature scientifique, mais sa conceptualisation reste sujette à débat (Bravata et al., 2020; Gulliford et al., 2023; Tewfik, 2024). Récemment, Tewfik (2022) a suggéré une relecture de la conceptualisation du phénomène à travers le prisme de la théorie sociocognitive. Elle propose de redéfinir le construit comme les pensées d’imposture au travail, en mettant l’accent sur la croyance que sa compétence au travail est surestimée par les autres. Marquant un point de rupture avec les conceptualisations prévalentes jusqu’ici, cette approche estime que de dépouiller le construit de sa valence affective permettrait d’en faire une évaluation plus précise, neutre et nuancée. À ce titre, le phénomène de l’imposteur a jusqu’ici a été associé aux symptômes de détresse psychologique, tels que la dépression et l’anxiété, au perfectionnisme et à une plus faible estime de soi (Bravata et al., 2020). Cependant, l’articulation de la reconceptualisation proposée avec ces variables clés reste à approfondir. Par ailleurs, bien que l’idée d’une expérience plus marquée des pensées d’imposture chez les femmes soit largement répandue, les données empiriques sur cette question demeurent inconcluantes (Tewfik et al., 2024). Enfin, aucune recherche à notre connaissance a examiné les pensées d’imposture au travail dans un contexte québécois, ce qui laisse un vide important dans la compréhension de ce phénomène au sein de cette population.
Objectif
Ce faisant, la présente étude a pour objectif d’explorer les pensées d’imposture au travail ainsi que ses associations avec les symptômes de détresse psychologique, les tendances perfectionnistes et l’estime de soi, tout en examinant les différences de genre dans l’intensité de ces pensées.
Méthodologie
Pour y arriver, une étude en ligne a été conduite auprès de 212 travailleurs québécois âgés de 18 ans et plus (M = 33,99), comprenant 150 femmes (70,80 %) et 62 hommes (29,20 %). Une traduction française du Workplace Imposter Thoughts (Tewfik, 2022) ainsi que des mesures de dépression, d’anxiété, d’estime de soi et de perfectionnisme ont été administrées. Des corrélations, des régressions linéaires et des tests de comparaison de moyenne ont été réalisées via SPSS.
Résultats
Les analyses statistiques révèlent que les pensées d’imposture au travail sont positivement liées aux symptômes de détresse psychologique (dépression et anxiété) et au perfectionnisme mésadapté tout en étant négativement associées à l’estime de soi. Par ailleurs, les femmes présentent des niveaux significativement plus élevés de pensées d’imposture au travail que les hommes.
Discussion
En adoptant une perspective sociocognitive, cette étude enrichit la compréhension des pensées d’imposture au travail et de leurs liens avec des manifestations psychologiques délétères. Les résultats appuient l’hypothèse classique selon laquelle les femmes rapportent une expérience plus intense de ces pensées, en cohérence avec la théorisation initiale de Clance et Imes (1978). Par ailleurs, les associations observées avec les symptômes psychologiques et l’altération du fonctionnement de soi optimal invite les chercheurs et praticiens en psychologie du travail et des organisations à s’intéresser aux interventions susceptibles d’en atténuer les répercussions.
References: