L’objet de cette communication porte sur l’influence de l’entourage et de l’expérience d’un conflit de valeurs sur la construction des rapports au travail des jeunes de la génération Z.

Dans un premier temps, le modèle de la socialisation de Malrieu (1973, 2003) à partir duquel s’ancre notre recherche sera présenté. Ce modèle conduit à envisager que les jeunes adultes évoluent et se développent dans différents milieux de socialisation dont peuvent émaner diverses représentations et valeurs du travail plus ou moins contradictoires, susceptibles de générer l’expérience d’un conflit. Dans la continuité du modèle de Malrieu, le modèle du système des activités (Baubion-Broye et al., 2013 ; Curie & Hajjar, 1987) invite à considérer que pour résoudre le conflit, le sujet se « personnalise » en activant des échanges de significations entre ses différents milieux de socialisation. Ainsi, le sujet choisit et hiérarchise les représentations et valeurs du travail, en confrontant de manière critique les unes par rapport aux autres, dans l’ensemble de son espace de vie. Il peut aussi percevoir que ces différences d’opinions sur le travail qui lui sont transmises par son entourage peuvent susciter de tels risques d’aliénation qu’il en vient à « inhiber » les échanges entre ses différentes sphères de socialisation.

La recherche que nous présentons prend appui sur une thèse de doctorat (Cassé, 2024). Une première étude quantitative avait été menée dans le cadre de cette thèse, pour caractériser les rapports au travail des jeunes de la génération en interrogeant la centralité du travail (Quintanilla & Wilpert, 1991) et le sens accordé au travail (Morin, 2008). Il s’agit ici de présenter la seconde étude qualitative qui a été réalisée auprès de 16 jeunes de la génération Z, âgés de 18 à 28ans, pour comprendre comment ils construisent leurs rapports au travail au regard du modèle de la socialisation de Malrieu. Au plan méthodologique, un entretien de type « récit de vie » nous a d’abord permis d’identifier les différentes personnes qui sont spontanément citées par le sujet car elles ont influencé sa vision du travail. Ensuite, un entretien semi-directif, structuré autour d’un support visuel inspiré du « Strat’Ago » de Llorca (2007), appréhende, de manière plus signifiante, par qui, pourquoi et comment le sujet a été influencé dans la construction de ses rapports au travail. Pour analyser les données, nous avons eu recours à une analyse de contenu thématique ainsi qu’à la rédaction d’études de cas.

Les résultats montrent que les jeunes Z sont principalement, mais pas exclusivement, influencés par leurs parents par le biais d’un processus de transmission/appropriation de valeurs (Cambon, 2009). Nous verrons également que certaines valeurs transmises sont non seulement contradictoires mais aussi qu’elles peuvent générer l’expérience d’un véritable conflit de signification. Enfin, à travers la présentation de la synthèse de l’étude de cas d’une participante, nous verrons comment l’expérience d’un conflit entre ses valeurs de travail et celles de son entourage (famille, conjoint, amis) l’a amenée à questionner sa vision du travail et à devoir trouver des stratégies pour résoudre ce conflit. Les résultats concernant la caractérisation du conflit et les stratégies qui en permettent la résolution seront discutés au regard du modèle de la socialisation de Malrieu (1973) et du modèle du système des activités (Baubion-Broye et al., 2013 ; Curie & Hajjar, 1987).