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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session : Diversité et Inclusion au Travail

L’entrepreneuriat des femmes : Une étude par vignettes explorant le lien entre le sexisme ambivalent et la performance des femmes entrepreneures

DA ROCHA GRANGEIRO R. 1, PEÑA JIMENEZ M. 1, ESNARD C. 2

1 Université Paris Nanterre, Nanterre, France; 2 Université de Poitiers, Poitiers, France

Les politiques publiques orientées sur l’innovation accordent une importance croissante aux startups qui se présentent comme des moteurs d’innovation et de croissance économique. Les startups visent à répondre aux besoins du marché par des idées novatrices. (Englebert & Larauze, 2021 ; Flécher, 2022). Les femmes demeurent sous-représentées dans les startups, rencontrant de nombreux obstacles qui limitent leurs chances de réussite. En effet, sur les 1008 startups à impact répertoriées en France, 275 ont été fondées ou cofondées par des femmes (Lepretre, 2023). La revue de la littérature souligne que les femmes entrepreneures sont confrontées à des défis spécifiques liés à leur genre, notamment la discrimination dans l’accès au financement, le manque de confiance des investisseurs. De surcroît, les femmes entrepreneures tendent à recevoir moins de financement que leurs homologues masculins (Abousaid & Hilali, 2023). Dans ce contexte, nous nous sommes posé la question de recherche suivante : le sexisme ambivalent influence-t-il la perception de performance des femmes entrepreneures ?
Cette étude s’appuie sur la théorie du sexisme ambivalent (Fiske & Glick, 1996) qui en distingue deux composantes complémentaires : l’hostilité et la bienveillance. Afin de répondre cette question, nous avons mené une étude par vignettes, comprenant trois mises en situation où une femme sollicite un financement. Une situation où le financeur adopte une attitude ouvertement négative envers la femme et doute de sa capacité à mener à bien son projet (condition de sexisme hostile). Une autre, où le financeur valorise les femmes, mais sous-entend qu’elles sont fragiles et nécessitent de l’aide (condition de sexisme bienveillant). Dans la troisième mise en situation, le financeur a une attitude non sexiste. Après avoir lu la vignette (aléatoirement attribuée), la participante devrait autoévaluer sa perception de performance dans le cas d’une demande de fonds, via la question : « Si vous êtes dans une telle situation, quelle est selon vous la probabilité que vous obteniez la levée de fond attendue ? ». La réponse pouvait être donnée de 0 à 100 %. À partir des réponses des 195 participantes recrutées via le panel en ligne Prolific, nous avons trouvé un effet significatif des trois conditions de sexisme sur la perception de performance [F(2, 158) = 24,244, p < .001]. La taille de l’effet, calculée par l’éta carré (η²), était de .237, ce qui indique donc un effet sur la performance. Les tests posthoc utilisant le HSD de Tukey ont démontré que le score moyen pour la condition « groupe contrôle » (M = 71,33, ET = 17,41) était significativement différent de celui de la condition « groupe sexisme hostile » (M = 39,37, ET = 23,98). Le groupe contrôle a obtenu un score significativement plus élevé que le groupe sexisme bienveillant (M = 59,13, ET = 23,82, p < 0,05).
Ainsi, nos résultats suggèrent un lien entre le sexisme et la perception de performance professionnelle des femmes entrepreneures. Ils sont consistants avec des travaux indiquant que le sexisme peut influencer négativement les performances des femmes (e.g., Dumont et al., 2010). Cette étude apporte ainsi des éléments complémentaires en mettant en lumière l’impact potentiel du sexisme, sous ses différentes formes, sur les entrepreneures. En termes d’application pratique, elle souligne l’importance des politiques publiques visant à atténuer les effets négatifs du sexisme en entrepreunariat.

References:

  • Abousaid, F. Z., & Hilali, M. (2023). Les défis de financement pour les femmes entrepreneures: une question de genre. Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit, 7(1), 140-157. https://revuecca.com/index.php/home/article/view/891
  • Dumont, M., Sarlet, M., & Dardenne, B. (2010). Be Too Kind to a Woman, She’ll Feel In competent : Benevolent Sexism Shifts Self-construal and Autobiographical Memories Toward Incompetence. Sex Roles, 62(7-8), 545-553. https://doi.org/10.1007/s11199-008-9582-4
  • Englebert, P., & de Larauze, T. H. (2021). Les startups en France. Que sais-je.
  • Flécher, M. (2019). Des inégalités d’accès aux inégalités de succès?: Enquête sur les fondateurs et fondatrices de start-up. Travail et emploi, 159(3), 39-68. https://doi.org/10.4000/travailemploi.9334
  • Glick, P. & Fiske, S. T. (1996). The ambiva- lent Sexism Inventory: Differentiating between hostile and benevolent sexism. Journal of Personality and Social Psychology, 70, 491-512.
  • Lepretre, J. (2023). 27 % des startups à impact ont été fondées ou cofondées par des femmes en 2022. https://bigmedia.bpifrance.fr/news/27-des-startups-a-impact-ont-ete-fondees- ou-cofondees-par-des-femmes-en-2022