AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Le recours à un exosquelette en situation de travail : exemple d’une entreprise de la grande distribution.
SCHLEICH W. 1, LOUP-ESCANDE E. 1, BOULHRAM N. 2
1 Université de Picardie Jules Verne, Centre de Recherche en Psychologie : Cognition, Psychisme et Organisations (CRP-CPO), UR UPJV 7273, Amiens, France; 2 Cora France, Croissy-Beaubourg, France
Ces dernières années, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’interroger sur l’apport des exosquelettes dans le cadre de la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS). Néanmoins, si les études réalisées en laboratoire pour mesurer les potentiels bénéfices de ces dispositifs se multiplient, peu de travaux se sont intéressés au processus d’acceptation en situation réelle de travail (Moyon et al., 2019).
Dans le cadre de cette communication, nous allons vous présenter un projet de recherche initié dans le secteur de la grande distribution en 2022. Cherchant à mesurer la pertinence des exosquelettes sur cinq postes de travail, des études de postes ont tout d’abord étaient réalisées dans quatre magasins, afin d’identifier les besoins et les modèles d’exosquelettes a priori pertinents pour les activités ciblées. Trois modèles d’exosquelettes ont ainsi été retenus, répondant chacun à des besoins d’assistance différents : le Hapo Front (assistance des épaules et des coudes), le LiftSuit V2 (assistance de la région lombaire) et le Paexo Wrist (assistance des poignets). Par la suite, des phases de prétests, puis de tests, se sont succédées entre 2023 et 2024, de manière à éprouver ces dispositifs en situation réelle de travail et à investiguer les déterminants du processus d’acceptation d’un exosquelette en situation professionnelle.
Des utilisateurs volontaires des quatre magasins (n = 34) ont été formés à l’utilisation du modèle retenu pour leur poste de travail, avant de pouvoir y recourir de manière autonome sur une période de trois semaines. Afin de recueillir les données relatives à l’utilisation des exosquelettes et à leur acceptation par les utilisateurs, plusieurs outils ont été déployés : la complétion d’un journal de bord auto-rapporté, la passation d’un questionnaire relatif à l’acceptation des exosquelettes (Wioland et al., 2019a, 2019b) avant et après la période de tests et la réalisation d’un entretien semi-directif de clôture.
Concernant les principaux résultats, il semblerait qu’au-delà de la perception d’une réduction des efforts par l’utilisateur, ce soit l’évaluation du confort qui détermine le degré d’acceptation d’un exosquelette. En effet, un manque d’ajustement du dispositif à la morphologie entraîne un rejet de ce dernier, en raison de frottements et/ou de la perception d’une restriction des mouvements. En outre, l’adéquation de l’exosquelette aux tâches effectuées est primordiale pour garantir son utilisation, mais la polyvalence d’un poste de travail impacte négativement cet aspect. Enfin, l’apparence des modèles testés a parfois pu être un frein à leur acceptation, pour l’utilisateur comme pour son environnement social.
Par conséquent, l’adéquation Utilisateur - Exosquelette - Tâche - Environnement semble déterminante, afin de favoriser l’acceptation d’un exosquelette. Face à l’intérêt croissant des entreprises, des améliorations en termes de design semblent nécessaires avant de pouvoir atteindre un niveau satisfaisant d’adaptabilité des exosquelettes à la morphologie des potentiels utilisateurs. De plus, le caractère multifactoriel des TMS ne doit pas être négligé au profit d’une solution agissant uniquement sur les contraintes biomécaniques (Schwartz, 2022). L’introduction d’un exosquelette dans une entreprise doit donc s’inscrire dans une démarche de prévention globale et pluridisciplinaire, dans laquelle l’opérateur reste au centre des réflexions (Cippelletti et al., 2023 ; Landry et al., 2022).
References: