AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Se repentir ou non : les remords du gestionnaire comme modérateur de la relation entre la supervision abusive et le fonctionnement des employés
RUSU V. 1, CHÉNARD-POIRIER L. 1
1 HEC Montréal, Montréal, Canada
Problématique/contexte théorique. La supervision abusive (SA), c'est-à-dire un ensemble de comportements hostiles du gestionnaire dirigés vers les employés entravant l’accomplissement de leur tâche, représente une demande importante en emploi, minant la santé psychologique des personnes exposées (Fischer et al., 2021). Se fondant sur la théorie de l’épuisement de l’égo (Baumeister et al., 1998), des études soutiennent que la SA est une source de tension et de détresse psychologique chez les employés pouvant mener à l’épuisement professionnel (Mackey et al., 2017, 2021). En plus d’avoir un impact négatif sur la performance des employés (Zhang et Liao, 2019), la SA susciterait un sentiment d’injustice qui amènerait les employés à vouloir rééquilibrer l’échange social et se venger par des comportements contreproductifs (Cropanzano et al., 2017; Mackey et al. 2021). Or, il a été proposé que l’expression de remords par les gestionnaires atténuerait les conséquences négatives de la SA, en informant la victime de la reconnaissance de la transgression et du désir de rétablir la relation (Liao et al., 2018). Cette étude cherche à vérifier si les remords du gestionnaire modèrent la relation entre la SA et l’épuisement professionnel, la performance, ainsi que les comportements contreproductifs. De plus, pour accepter les remords, il a été montré qu’un certain niveau de contrôle de soi est nécessaire (Burnette et al., 2014). Ainsi, cette étude cherche à vérifier si l’interaction entre les remords et la SA est modérée par le contrôle de soi. Méthodologie/résultats. Une étude par questionnaire à deux temps de mesure est en cours (T1 N = 195; T2 en cours, intervalle 6 mois). Les résultats préliminaires sur les données du T1 montrent que la SA est liée positivement à l’épuisement professionnel et aux comportements contreproductifs et négativement à la performance. Au contraire des hypothèses, les remords modèreraient uniquement la relation entre la SA et les comportements contreproductifs, en exacerbant la relation positive. Aucun effet d’interaction triple impliquant le contrôle de soi n’est observé. Cependant, les résultats d’interactions doubles montrent que le contrôle de soi exacerberait la relation positive entre la SA et l’épuisement professionnel. Discussion. Les remords semblent compromettre le rétablissement de la relation supérieur-employés, ces derniers manifestant plus de rétribution lorsque le gestionnaire exprime des regrets. La nature récurrente de la SA pourrait expliquer ce phénomène : des excuses accompagnées de comportements négatifs répétés accentueraient la perception d’injustice. De plus, le contrôle de soi ne faciliterait pas l’acceptation des excuses. Plutôt, les travailleurs ayant un fort contrôle de soi subiraient davantage de répercussions sur leur santé psychologique. Or, le contrôle s’accompagne d’une motivation à atteindre ses objectifs (Tangney et al., 2004). La SA, en entravant leur travail, pourrait accentuer la dégradation des ressources psychologiques. D’un point de vue pratique, il est essentiel d’instaurer un processus de réconciliation centré sur l’employé, incluant une médiation dépassant la simple expression de remords et une supervision garantissant l’engagement du management à éradiquer durablement les comportements abusifs. Enfin, des ressources adaptées devraient être mises à disposition pour soutenir l’employé dans l’atteinte de ses objectifs.
References: