AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : QVT en milieu éducatif
Répondre aux crises en éducation : analyse des pratiques des directions scolaires
DELOBBE A. 1, LEMIEUX O. 1, LEBLANC-PAGEAU R. 1
1 Université du Québec à Rimouski, Lévis, Canada
Contexte. Malgré les avancées en sciences de l’administration et de la communication sur la gestion de crise, les sciences de l’éducation ont peu exploré ce champ (Streipe et Cunningham, 2021). La pandémie de COVID-19 a révélé l’urgence d’accompagner les acteurs scolaires, particulièrement les directions d’écoles. La gestion de crise, définie comme un processus visant à réduire les impacts négatifs des crises sur les organisations et leurs parties prenantes (Bergamo, 2017), repose sur l’identification proactive des points de rupture (Pearson et Mitroff, 1993) et un apprentissage continu issu des expériences passées (Smith et Riley, 2012). Étant souvent mal préparées, les directions d’écoles jouent pourtant un rôle pivot dans la gestion des crises (auteurs, soumis). Cette étude vise à dresser un portrait des caractéristiques et des savoirs mobilisés par les directions scolaires en temps de crise, selon les types de crise rencontrés, afin d’aider les formateurs à mieux orienter leurs interventions.
Méthodologie. Une revue systématique des écrits portant sur les pratiques de gestion de crise des directions scolaires a été réalisée s’inspirant du modèle PRISMA (Page et al., 2021) et selon les recommandations méthodologiques de Pollock et Berge (2017) et de Wright et al. (2007). Les articles inclus, publiés après 1999 (post-fusillade de Colombine, événement marquant le début d’un certain intérêt scientifique pour la gestion de crise en éducation), devaient être empiriques, révisés par les pairs et traiter des pratiques de gestion de crise des directions scolaires. Sept bases de données (p.ex. Érudit, ERIC). Le corpus total est de 88 articles après analyse. Les articles retenus ont été codifiés à l’aide d’une grille d’analyse prétestée, couvrant : a) les caractéristiques descriptives des études (taille des échantillons, type de crise) ; b) les aspects conceptuels (définition de la crise) ; c) les pratiques de gestion de crise (pratiques en termes de KSAO). La codification, réalisée par les deux premiers auteurs, a obtenu un accord inter-juge élevé (Cohen, 1960), garantissant la fiabilité des analyses.
Résultats. Les crises étudiées dans les articles recensés sont de nature variée (p.ex. crise environnementale, crise de ressources humaines), bien que la crise la plus étudiée soit celle de la Covid-19 (59 % des articles). La grande majorité des études relevées adoptent un devis qualitatif, recourant à des entretiens. Les résultats relèvent également que les directions scolaires mobilisent à la fois des connaissances (p.ex. les étapes de la gestion de crise), des habiletés (p.ex. établir un plan de gestion de crise), aptitudes (p.ex. s’adapter rapidement aux changements) et d’autres caractéristiques personnelles (p.ex. demeurer positif dans l’adversité) pour gérer les crises rencontrées.
Finalement, les résultats révèlent que la compétence à gérer des crises des directions d’établissements, bien qu’insérée dans le référentiel des directions d’établissements québécois, dépasse largement la façon dont celle-ci est conceptualisée à l’intérieur des documents ministériels et mérite davantage de considération et d’attention dans la formation des directions d’établissements. Des recommandations sont émises quant aux modalités de formation susceptibles de contribuer au développement de cette compétence.
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References: