AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
La facette émotionnelle des personnes supervisées en contexte de formation
PRÉVOST V. 1, BILODEAU C. 2, SAVARD R. 3
1 Université Laval, Québec, Canada; 2 Université Saint-Paul, Ottawa, Canada; 3 Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada
Les nombreux changements économiques et technologiques contribuent au développement du travail et des organisations (Gilbert et al., 2021). Pour s’adapter à un marché de l’emploi en constante évolution, les personnes au travail doivent non seulement acquérir de nouvelles compétences, mais également s’assurer que celles-ci soient transférées efficacement à leur pratique professionnelle. Ce transfert des apprentissages est facilité par des environnements organisationnels offrant un soutien adéquat, notamment en matière d’accompagnement (Lauzier, 2015).
Dans le domaine de la relation d’aide, la supervision clinique représente un levier essentiel pour assurer la qualité des services et le transfert des apprentissages acquis pendant la formation initiale. Cette intervention, à la fois éducative et évaluative, suscite des émotions chez les personnes superviseures et les personnes supervisées. Les personnes superviseures sont encouragées à approfondir la conscience de leurs émotions, afin d’améliorer leurs interventions auprès des personnes supervisées (Tangen, 2017). Plus largement, les émotions occupent une place importante dans la vie professionnelle et les communications organisationnelles (Jeantet, 2018). Elles influencent la qualité des interactions et peuvent prévenir les conflits de travail (Jannas, 2019). Ainsi, la compréhension et la gestion des émotions constituent des compétences non seulement pour les personnes œuvrant dans le domaine de la relation d’aide, mais également pour les spécialistes des ressources humaines et les cadres (Durivage et al., 2024).
Cette communication vise à présenter l’expérience émotionnelle des personnes supervisées, dans un contexte de formation, en s’appuyant sur les résultats d’une recherche multiuniversitaire canadienne. Cette étude a été menée auprès de quatre-vingts personnes étudiantes en counseling et psychothérapie, âgées en moyenne de 30,4 ans, recevant de la supervision clinique dans le cadre de leur programme d’études. Une collecte des données qualitatives a été réalisée à l’aide de la technique des incidents critiques. Les personnes participantes ont complété une version adaptée du Questionnaire d’incidents critiques, expédiée sous forme numérique (LimeSurvey). Les réponses autorapportées sur les émotions ressenties lors des incidents critiques ont été analysées à l’aide du logiciel NVivo, selon une méthode d’analyse thématique (Braun & Clarke, 2012).
Les résultats mettent en lumière un éventail d’émotions positives (agréables) et négatives (désagréables) ressenties par les personnes supervisées pendant la supervision. Ils offrent une meilleure compréhension des émotions ressenties par les personnes supervisées envers leur personne superviseure ainsi qu’envers soi. Des thèmes relatifs au processus d’apprentissage, à la nature évaluative, aux aspects relationnels de la supervision, et à la création d’une identité professionnelle ont émergé. Les personnes superviseures peuvent utiliser ces connaissances produites pour améliorer l’efficacité et les retombées de la supervision. Comprendre les émotions ressenties par les personnes supervisées peut non seulement améliorer les pratiques dans le domaine de la relation d’aide, mais également inspirer des approches innovantes dans d’autres sphères de l’existence professionnelle, notamment dans la gestion du capital humain et le développement organisationnel.
References: