La problématique de la transmission du métier fait l’objet d’un intérêt scientifique et pratique
majeur. Cela pose ainsi de nombreuses questions : Quelles méthodes identifier ? Comment les
mettre en place au sein des organisations ? Comment transmettre les savoirs de métier alors
que les conditions de travail actuelles ne favorisent pas cette transmission ? (Thébault et al.,
2014).

Pour répondre à ces interrogations, cette intervention-recherche mobilise les cadres théoriques
de la didactique professionnelle (Pastré, 2002) et de la clinique de l’activité (Clot, 2008).
L’articulation de ces deux courants d’analyse de l’activité nous paraît être une ressource pour penser la transposition didactique de situations de travail en situations de formation, mais aussi pour penser le développement du métier, des individus, des collectifs et des organisations.

Cette thèse Cifre en cours est menée au sein d’une entreprise de transport routier de
marchandises. Elle vise à accompagner cette organisation à s’approprier une culture de la transmission située et développementale. Dans une démarche compréhensive, transformative et qualitative, nous avons réalisé 9 simulations de l’activité (Van Belleghem, 2012) afin d’identifier les situations de travail favorables et limitantes à la transmission du métier. Puis, à partir de ces situations, nous avons construit un dispositif de co-analyse de l’activité auprès de 4 binômes pour identifier les différentes manières de faire entre professionnels (agents de quai, exploitants, agents du service client et conducteurs), mais aussi pour développer le métier des travailleurs grâce à l’activité dialogique engagée par ce dispositif.

Cette communication mettra en lumière certaines des différences identifiées entre les
expérimentés et les débutants. Par exemple, l’activité des débutants est davantage orientée vers le respect des procédures de l’organisation, alors que celle des expérimentés est plus orientée vers l’objet de l’activité (faire un travail de qualité et être efficace). Une fois l’analyse de l’activité réalisée, nous expliquerons comment nous avons développé des actions de formation situées dans l’activité, sans la dénaturer. 

Nous développerons également le défi méthodologique que ce travail suppose. Celui
de permettre à une organisation de s’approprier une culture de la transmission située et développementale, alors qu’elle est elle-même demandeuse de la construction d’outils de transmission qui retranscrivent des standards de formation (référentiels de compétences, parcours pédagogiques, etc.). Nous rendrons compte du processus mis en œuvre (comment nous sommes passés d’une conceptualisation de la compétence à celle du métier), des ressources (travailler avec des experts-métier, mettre en place une instance de pilotage) et des difficultés éprouvées. Aussi, nous mettrons en lumière la réaction de l'organisation et les méthodes mises en place, notamment l’AFEST (Action de Formation en Situation de Travail) pour favoriser une transmission du métier qui prend en compte l’activité des travailleurs et des travailleuses.

References:

• Clot,Y. (2008).Travail et pouvoir d’agir. Presses universitaires de France.
• Pastré, P. (2002). L'analyse du travail en didactique professionnelle. Revue française de pédagogie, 9-17.
• Thébault, J., Delgoulet, C., Fournier, P. S., Gaudart, C., & Jolivet, A. (2014). La transmission à l’épreuve des réalités du travail. Éducation permanente, 198, 85-99.
• Van Belleghem, L. (2012). Simulation organisationnelle: innovation ergonomique pour innovation sociale. Innovation et travail. Sens et valeurs du changement. Actes du 47ème congrès de la Société d’Ergonomie de Langue Française, 5(6).