AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Fonction publique et santé psychologique
Le rôle de l’identification à la fonction publique pour répondre aux défis de la fidélisation et de la performance des agents publics français
NOBLE V. 1, FOUQUEREAU E. 1
1 Université de Tours, Tours, France
Depuis quelques années, la fonction publique française est confrontée à deux défis majeurs, celui de la fidélisation de ses agents et celui de l’amélioration de son efficience. De fait, dans un contexte de concurrence avec le secteur privé et de déficit d’image, recruter et retenir les talents est devenu crucial. Par ailleurs, optimiser la performance organisationnelle demeure un objectif d’autant plus d’actualité que l’efficacité des pratiques issues du Nouveau Management Public (i.e., NMP) qui se sont diffusées à partir des années 1980, puis des modèles post-NMP qui lui ont succédé (Klenk & Reiter, 2019) fait encore à ce jour l’objet de débats (Lapuente & Van de Walle, 2020).
Parallèlement, certaines études ont souligné des effets négatifs de ces transformations sur les agents publics (e.g., Abord de Chatillon & Desmarais, 2012). Elles questionnent également l’émergence d’un conflit de valeurs, des pertes de repères et de sens au travail, ainsi qu’une évolution du positionnement des agents vis-à-vis de l’institution (Buffat, 2014 ; Safy-Godineau et al., 2020). Dans un tel contexte, la question de la structure identitaire des agents publics, et plus spécifiquement des enjeux associés à leurs niveaux d’identification aux différents référents de leur environnement professionnel se pose légitimement.
Sur ce point, le rôle fondamental de l’identification dans la prédiction des attitudes, des comportements et de la santé des employés n’est plus à démontrer (Greco et al., 2021). Pourtant, son étude dans le secteur public se heurte à deux limites. Premièrement, les études sur ce construit demeurent encore rares malgré la spécificité des processus d’identification pour cette population (Rho et al., 2015) ; les modèles existants ont de fait majoritairement été validés dans le secteur privé. Deuxièmement, les travaux antérieurs privilégient généralement le prisme organisationnel, négligeant les autres foci d’identification et notamment le niveau supra-organisationnel. Or, dans un champ aussi vaste et complexe que celui de la fonction publique, l’identification à celle-ci pourrait selon les théories de l’identity matching (cf. Ullrich et al., 2007) ou de l’instrumentalité de l’identité (cf. Mesmer-Magnus et al., 2018) jouer un rôle déterminant dans la compréhension d’attitudes et de variables d’intérêt.
Cette recherche examine cette hypothèse en testant le rôle médiateur de l’identification à la fonction publique entre, d’une part, les deux dimensions distinctes que sont le prestige perçu et la motivation de service public, et d’autre part, deux conséquences potentielles, soit l’intention de rester dans l’institution et la performance perçue. Une enquête par questionnaire menée auprès d’un échantillon de 676 agents issus d’organisations des trois fonctions publiques (i.e., fonction publique territoriale, hospitalière et d’Etat) a permis, grâce à une modélisation par équation structurelle, de valider un modèle de médiation partielle. Les résultats montrent qu’une part significative et positive de l’effet des antécédents sur les conséquences était bien sous tendue par l’identification à la fonction publique.
Cette étude met en lumière le rôle de l’identification portée à la fonction publique dans l’explication des attitudes, comportements et niveaux de santé des agents. Elle soulève notamment des perspectives de recherche novatrices et suggère des pistes pour répondre aux enjeux de fidélisation et de performance dans la fonction publique française.
References: