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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session : Quand le travail devient vulnérable : prévention et interventions

Prévenir efficacement les RPS : quelles méthodologies pour quels contextes ? Etude comparative de 16 accompagnements ergonomiques.

MONÉGER F. 1, COUTAREL F. 2, TIXIER A. 1, VERICEL B. 1, BADOUAL A. 1

1 APHOS lab, Lyon, France; 2 Université Clermont Auvergne, Clermont-Ferrand, France; 3 ESC Clermont, Clermont-Ferrand, France

Dans le champ de la prévention des risques liés à la santé mentale au travail, plusieurs approches coexistent aujourd'hui. Deux familles peuvent être identifiées : des approches hygiénistes centrées sur les (facteurs de) risques (par exemple ceux de Gollac) et les dommages subis ; et des approches "développementales" (Clot, 2010 ; Falzon, 2013). Nos travaux se situent dans la seconde approche qui vise à concevoir collectivement des nouveaux systèmes de travail et de nouvelles dynamiques de développement. Basées sur des méthodes d’analyse des activités réelles de travail (notamment inspirées de l’ergonomie de tradition francophone), ces démarches permettent de construire, avec les acteurs de l’organisation, des leviers d’actions situationnels et systémiques, de natures multiples (organisationnelles, techniques, technologiques, architecturales, relationnelles…). 

De nombreux outils existent dans le champ de la prévention des RPS. Toutefois, à notre connaissance, aucune méthodologie ne semble précisément décrire quels outils mobiliser, dans quels contextes et pour quelles raisons. Cohabitent des méthodologies institutionnelles relativement "universelles" et des monographies scientifiques.

Un collectif de chercheurs en sciences du travail a analysé les résultats de seize démarches de prévention des RPS réalisées entre 2022 et 2024 par un cabinet d’ergonomie spécialiste de cette thématique. C’est le même ergonome expérimenté qui coordonnait chacun de ces projets. 

Dix critères ont systématiquement été mis en perspective lors des analyses rétrospectives de ces projets : le nombre de salariés, la durée de l’accompagnement, le titre choisi (présence ou non de « RPS »), l’usage ou non de questionnaires, d’entretiens individuels, la présence de projet a priori, le nombre et la nature de pistes d’action retenues à l’issue du diagnostic, le nombre de situations de travail analysées, la nature des sujets accompagnés par les ergonomes en phase de conception.

Les principaux résultats sont :

  • Selon la dynamique psychosociale en cours au moment du démarrage de l’intervention (la phase de crise est-elle actuelle, passée ou à venir ?) la méthodologie d’accompagnement choisie par les acteurs n'est pas la même. Par exemple, l'expression "RPS", les entretiens individuels, les questionnaires tendent à ne plus être mobilisés lorsque la crise psychosociale est passée.
  • Quinze thèmes ressortent régulièrement concernant les besoins d’accompagnement, par exemple : construction collective de la répartition des tâches, des modalités de communication, amélioration des processus de conduite de projet, transition technologique (Bobillier-Chaumon, 2016), travail des managers (Zink, 2006 ; Petit & Negroni, 2023) ; formation professionnelle et accueil des nouveaux.
  • Selon le secteur, le service et la nature plus ou moins réglée/gérée de l’activité des professionnels (Amalberti, 2013), la nature des pistes d’actions fluctue (que ce soit en termes de besoins pour les managers ou les opérationnels).
  • La dimension pédagogique de la démarche d’accompagnement semble influer sur la durabilité de ses effets.
Le fait de pouvoir s’assurer que les plans d’action seront efficacement déployés est une préoccupation perpétuelle des consultants. Ainsi, la formation-action, ciblée sur les strates managériales, est souvent recherchée en phase conception. Mesurer et communiquer régulièrement sur les effets de l'intervention permet de catalyser et prolonger la dynamique de développement durable.

References:

  • Arnoud, J. (2021). Développer les capabilités collectives et relationnelles : une alternative à la prévention actuelle des risques psychosociaux ? Actes de la SELF 2021. Bobillier-Chaumon, M-E. (2016). L’acceptation située des technologies dans et par l’activité : premiers étayages pour une clinique de l’usage. Dans Psychologie du travail et des organisations, 22(1), 4-21.    Coutarel, F. et Récopé, M. (2022). L’évaluation des interventions ergonomiques : pourquoi et comment questionner les interventions sous l’angle d’une ontologie relationnelle. Activités [En ligne], 19-2. Daniellou F. (2012). Les risques psychosociaux ou les dilemmes du travail bien fait. Séminaire Risques Psychosociaux, Pôle Régional Travail. MMSH, Aix-en-Provence, séance du18 décembre. Machado, T. (2016). La prévention des risques psychosociaux, concepts et méthodologies d’intervention. Presse Universitaire de Rennues. Petit, J. (2020). Intervention sur l’organisation. Concevoir des dispositifs de régulation pour un travail plus démocratique. Habilitation à diriger des recherches. Université de Bordeaux. Petit, J. & Negroni, P. (2023). Agir sur le travail des managers : des enjeux de métier pour les ergonomes, pour les managers », Activités [En ligne], 20-1 Rouat S. & Sarnin Ph. (2013), « Prévention des risques psychosociaux au travail et dynamique de maturation : le processus d’intervention comme opérateur de la transformation et du développement de la coopération », Activités, 10(1), pp. 58-72. Vuattoux, J.-C. (2020). Gérer les risques psychosociaux dans les organisations ? État de l’art pour un contrôle de gestion des RPS. Revue de l’organisation responsable - n° 3.