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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session :

Impact des détecteurs de vêlage sur l’activité des éleveurs bovin laitier

SICCO A. 2, LANDRY A. 1, BOBILIER CHAUMON M. 2

1 LIG, Grenoble, France; 2 CRTD, Paris, France

L’introduction d’une technologie « émergente » dans le travail apparait souvent comme une solution à des problématiques de pénibilité et de productivité (Barcellini et al., 2023). Leurs projets d’introduction répondent à des incitations aux changements (Barcellini et al., 2023) et à une politique d’innovation industrielle (Barcellini, 2021). Pourtant, l’introduction d’une technologie implique des changements de paradigme de pensée, d’organisation et de collaboration (Bobilier Chaumon, 2021). Compan et al. (2023), dans la poursuite des travaux de Béguin et Rabardel (2000) montrent l’importance de considérer le travail réel pour concevoir des outils technologiques et conduire le changement (Karsenty, 2012). Considérant les conditions de travail des agriculteurs, notamment l’agrandissement des exploitations (Servière et al., 2019), la gestion de déterminants imprédictibles (Beaujouan et al. 2021), et la tendance grandissante au recours à des outils technologiques (Allain et al., 2015), cette étude a pour objectif de montrer l’impact de l’usage d’une technologie émergente telle que le détecteur de vêlage sur l’activité des éleveurs bovin laitier.
 
Méthodologie
Cette étude se centre sur l’activité (Leplat et Hoc, 1983), afin d’identifier ses dynamiques de transformations. La méthode de recueil de données triangule l’observation du travail réel, l’entretien semi-directif et l’instruction au sosie (Clot, 2001) avec une analyse documentaire de la publicité des détecteurs de vêlage afin de cibler les différentes promesses portées par la technologie.
 
Résultats
L’analyse de l’activité montre comment cet outil s’inscrit dans le système d’activités de l’éleveur et les nécessaires ajustements réalisés par celui-ci afin de “faire avec”, “faire malgré” ou “faire sans” la technologie. Faire avec la technologie suppose une phase d’apprentissage, et d’ajustements, pour la prise en main de la technologie, mais également son adaptation aux déterminants du travail. Les éleveurs sont également amenés à faire malgré la technologie : effectuer des tâches qui n’auraient plus lieu d’être en considérant sa présence, comme anticiper le moment du vêlage. Enfin, les contraintes économiques et spatiales impliquent également de sélectionner les vaches qui porteront le détecteur et celles qui n’en porteront pas, ce qui implique de faire sans la technologie.
 
Conclusion
Cet outil participe à réduire la charge mentale de l’éleveur contrairement à ce qui peut être mis en avant dans la littérature (Hostiou et al, 2023). De plus, le « coup d’œil de l’éleveur » (Mougenot et al., 2020), lié à l’identification d’indicateurs précis sur l’état de santé des animaux, est préservé, comme ont pu l’observer Kling et Hostiou (2017). Ainsi, l’expression de l’identité métier semble être permise malgré la présence de cet outil, ce qui favorise son acceptation (Karsenty, 2012). D’autre part, on assiste à une genèse instrumentale (Rabardel, 1995) par l’enrichissement de l’outil avec une caméra de surveillance. Les affects et les relations envers les animaux sont également pris en compte conformément à ce que montre Fiorelli et al., (2012). Nos données confortent également l’usage situé d’un outil technologique (Bobilier Chaumon, 2016 ). Le caractère non directif de l’outil permet à l’agriculteur de garder une autonomie de décision.
Enfin les données montrant l’appropriation de l’outil nous amènent à penser que l’outil est accepté et intégré au système de travail (Bobilier Chaumon, 2016).

References:

  • Barcellini et al., 2023
  • Bobilier Chaumon, 2021
  • Compan et al., 2023
  • Béguin et Rabardel, 2000
  • Karsenty, 2012