AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Maintien et Retour au Travail
Les pratiques de soutien social des collègues qui facilitent le retour au travail des mères ayant vécu un décès périnatal
BÉDARD-LÉVESQUE M. 1
1 Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada
Problématique et contexte : Le décès périnatal, défini comme la perte d’un bébé pouvant survenir à tout moment pendant la grossesse, à l’accouchement ou dans les 28 jours suivant sa naissance (de Montigny et al., 2015), est un événement déroutant (de Montigny et al., 1999; Lang et al., 2004; Verdon, 2004) touchant plus d’une grossesse sur cinq (Ventura et al., 2012). Les parents endeuillés devant retourner travailler plus ou moins rapidement après le décès, tout en composant avec des symptômes physiques et psychologiques importants, peuvent rencontrer des difficultés de fonctionnement au travail. Selon la théorie de la conservation des ressources (Hobfoll, 2011), les ressources en milieu de travail, comme le soutien social, peuvent favoriser le bien-être et le fonctionnement des employé.e.s. Les collègues sont en mesure d’offrir un soutien pouvant faciliter le retour au travail des parents endeuillés (Gibson et al., 2011; Gilbert et al., 2021). Toutefois, les tabous entourant la perte périnatale peuvent limiter ce soutien, le rendant inégal ou absent (Hazen, 2003). Les pratiques aidantes et nuisibles de soutien social des collègues dans ce contexte restent donc peu explorées.
Méthodologie : S’inscrivant dans un large projet de recherche sur le retour au travail en contexte de deuil périnatal, cette étude adopte un devis mixte, où seule la phase qualitative est présentée. Ce volet inclut 11 entrevues virtuelles semi-structurées menées auprès de mères québécoises francophones de retour au travail depuis au moins deux semaines après avoir vécu une perte périnatale tardive (après la 20? semaine de grossesse). Les participantes occupaient différents postes dans des secteurs variés (santé, éducation, finances, arts), majoritairement à temps plein et non syndiqués, tant au sein de très petites que de très grandes organisations.
Résultats : L’analyse thématique réflexive (Braun et Clarke, 2021) des verbatims a permis d’identifier plusieurs pratiques aidantes de soutien social des collègues, regroupées sous cinq fonctions : soutien émotionnel, instrumental, informationnel, de camaraderie et de validation. Le soutien émotionnel, souvent accompagné d’un autre type de soutien, est le plus présent sous diverses formes, tandis que le soutien de validation est moins fréquent. La moitié des participantes rapporte également des interactions sociales négatives, principalement sous forme de phrases maladroites (tentatives de soutien invalidantes, conseils inappropriés) et de comportements d’évitement (éviter de parler de la perte ou de la reconnaître). De plus, divers facteurs semblent moduler ce soutien (individuels, organisationnels, sociaux).
Discussion : Ces résultats mettent en lumière le rôle central du soutien social des collègues, en particulier leur soutien émotionnel, dans le processus de deuil et de retour au travail des mères endeuillées par la perte de leur bébé. Tenant compte de la proximité relationnelle avec l’endeuillée et de leur niveau d’aisance face au deuil périnatal, ces derniers peuvent offrir un soutien sous diverses formes adaptées à leurs capacités. Cependant, le malaise et la méconnaissance entourant ce type de deuil peuvent parfois conduire à des interactions négatives maladroites, bien que motivées par une volonté d’aider. Ces constats soulignent l’importance de développer des programmes de sensibilisation au deuil périnatal en milieux de travail afin de réduire les tabous et encourager des pratiques de soutien mieux adaptées.
References: