AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Sens du Travail et Parcours Professionnels
Au-delà des demandes et ressources, l’apport de conditions de travail spécifiques dans la compréhension du burnout auprès de groupes de métiers de l’aide et de l’intervention
AMAND J. 1, LEYS C. 1, JAFAR S. 1, HELLEMANS C. 1
1 Université Libre de Bruxelles, Bruxelles, Belgium
Les métiers d’aide et d’intervention à la personne sont reconnus comme hautement à risque de burnout. Pourtant, certaines études réalisées ont montré que malgré les fortes exigences, les travailleurs semblent conserver une bonne santé mentale. Ainsi, Douesnard & Saint-Arnaud (2011) épinglent, chez les pompiers, le rôle des relations respectueuses dans la profession qui expliquerait leur relative bonne santé mentale ; le constat est similaire dans les métiers du care, plus particulièrement chez les infirmières où l’on tend à professionnaliser le travail relationnel (Loriol, 2001). Cependant, nombreux auteurs rapportent également un contexte sociétal et des rapports sociaux qui se sont dégradés ces dernières années (Chabot, 2017). S’appuyant sur le modèle des demandes et ressources au travail (JDR, Demerouti et al., 2001), cette recherche (1) analyse les contributions respectives des exigences, de la latitude de décision et du soutien social dans l’explication du burnout ; (2) établit la mesure dans laquelle ces contributions diffèrent d’un groupe de métiers d’aide et d’intervention à l’autre; (3) analyse les contributions de conditions de travail spécifiques des métiers d’aide et d’intervention, en comparant également leur éclairage selon les groupes de métiers.
L’étude a été menée auprès de 284 professionnels exerçant différents métiers d’intervention : des pompiers, des ambulanciers, des policiers, engagés dans des contextes d’urgence, de rapidité et d’imprévisibilité à l’extérieur (n = 127) ; des infirmiers, exerçant dans le domaine du care principalement en milieu intérieur (n = 147) ; des assistants sociaux, des éducateurs et des psychologues œuvrant dans des métiers d’accompagnement (n = 31). Les variables mesurées sont l’épuisement et le désengagement (Oldenburg Burnout Inventory, Demerouti et al., 2001) ; en référence au modèle JDR (Demerouti et al., 2001), les demandes psychologiques au travail (Job Content Questionnaire, Karasek, 1979) et les ressources, via la latitude de décision et le soutien social (Job Content Questionnaire, Karasek, 1979) ; des conditions de travail spécifiques aux métiers d’intervention, telles que le temps de contact avec le public ou les patients, les horaires de travail ainsi que le degré d’urgence des tâches.
Des analyses de variance et des régressions linéaires multiples ont été réalisées pour tester les hypothèses. Les résultats montrent la présence de différences significatives entre les trois groupes de professionnels concernant les niveaux d’épuisement et de désengagement, les infirmiers présentant les scores les plus élevés sur les deux dimensions. Les relations entre les variables explicatives (demandes, latitude de décision, soutien social) et les dimensions du burnout varient selon la dimension considérée, mais également selon le groupe professionnel. Par ailleurs, certaines variables plus spécifiques aux métiers d’aide permettent d’apporter des nuances supplémentaires à la compréhension du burnout, selon le métier exercé.
Les résultats seront discutés en regard de perspectives théoriques et pratiques, notamment liées au rapport à l’autre, collègue ou patient, mais également au rapport au temps.
References: