Introduction – L’essor des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans le domaine professionnel a apporté de nombreux avantages, mais également de nouveaux enjeux, notamment en termes d’adaptation aux nouveaux environnements et pratiques technologiques. Plusieurs études ont démontré que l’utilisation des technologies peut induire un stress spécifique, appelé technostress (Castillo et al., 2023), qui résulte des caractéristiques particulières de l’usage des TIC. Parallèlement, des recherches ont exploré les facteurs professionnels pouvant réduire ce technostress (Solís et al., 2023), ainsi que les caractéristiques personnelles, comme le genre, associées à l’utilisation des TIC (Giunchi et Vonthron, 2023) et au technostress (Cai et al., 2017). Cependant, les résultats de ces études ne convergent pas, en particulier concernant l’influence du genre.
Objectif – L’objectif de cette étude est d’investiguer une ressource de l’environnement professionnel, le soutien organisationnel perçu (SOP), qui pourrait réduire le technostress, tout en prenant en compte les différences selon le genre.
Méthode – Les données ont été récoltées auprès d’un échantillon de 280 travailleurs (125 hommes et 155 femmes), issus de différents secteurs d’activité, à l’aide d’un questionnaire auto-reporté comprenant une mesure du soutien organisationnel perçu (SOP). Cette mesure fait référence a? la perception des travailleurs face au degré de soutien offert par leur organisation, en termes d’intérêt pour leur bien-être et de reconnaissance et d’appréciation envers leur travail (Eisenberger et al., 1986). Les dimensions du technostress explorées comprenaient la techno-surcharge, la techno-invasion et la techno-complexité (Tarafdar et al., 2007). Des analyses descriptives, des tests t et des régressions avec modération ont été menés à l’aide du logiciel JAMOVI.
Résultats – Les résultats montrent des différences significatives entre les hommes et les femmes concernant la perception de la techno-complexité, qui est majoritairement perçue comme plus élevée par les femmes. De plus, toutes les relations entre le SOP et les sous-dimensions du technostress sont modérées par le genre. Plus précisément, le SOP réduit la perception de la techno-surcharge et de la techno-invasion uniquement chez les femmes. En revanche, la techno-complexité est réduite chez les deux sexes grâce au SOP, mais cette réduction est plus marquée chez les femmes.
Discussion et conclusion – Cette étude souligne l’importance de la prise en compte des différences individuelles dans la perception du technostress et dans les relations entre facteurs organisationnels et technostress. En fait, les résultats indiquent que les hommes et les femmes semblent réagir différemment aux ressources organisationnelles. Les femmes, en particulier, résultent davantage réceptives au soutien perçu de la part de l’organisation quand elles sont confrontées à des environnements technologiques. Cette étude révèle que le soutien organisationnel perçu joue un rôle crucial dans la gestion du technostress avec des différences individuelles liées au sexe qui, de même que la fonction ou le statut au sein de l’organisation, nécessiteraient d’être prises en compte pour optimiser les pratiques RH.