AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
De la formation à la carrière policière : santé psychologique au travail et soutien social perçu
GENDRON A. 1, BOIVIN R. 2, DESCHÊNES A. 3
1 École nationale de police du Québec, Nicolet, Canada; 2 Université de Montréal, Montréal, Canada; 3 Université du Québec à Trois-Rivières, Trois-Rivières, Canada
Après avoir complété trois années d’études en techniques policières (TP), et 15 semaines de formation pratique à l’École nationale de police du Québec, les policiers québécois amorcent leur carrière. Plusieurs études indiquent que les individus choisissant de devenir policier changent de façon significative au cours de leur carrière au contact de leurs collègues. La socialisation professionnelle entraînerait une certaine homogénéisation des individus dans leurs attitudes (Alain et Pruvost, 2011; Faubert, 2019). Plus les recrues avancent dans la formation, plus le « nous contre eux » devient perceptible (Boivin et al., 2020). Ce partage de façons de faire et de pensées communes par les policiers jouerait toutefois un rôle important, leur permettant de gérer les difficultés inhérentes à leurs fonctions (Paoline et Terrill, 2014). Les policiers sont soumis à des horaires atypiques, des interventions auprès de personnes en crise ou agressives, en plus d’être exposés à des événements potentiellement traumatisants (Bourke et al., 2014; Gendron & Poulin, 2021). Pour contrer ces facteurs de risque, le soutien social perçu entre collègues pourrait jouer un rôle crucial sur la prévention de la santé psychologique au travail (Delicourt, 2021; Rodrigue, 2019). Cette étude propose de porter un regard sur la santé psychologique au travail des recrues, en testant l’hypothèse que ceux qui perçoivent plus de soutien social affichent plus de bien-être et moins de détresse psychologique.
Ces travaux découlent d’une étude longitudinale amorcée en 2019 alors que les recrues débutaient leur formation policière. Une cohorte de 757 participants a été d’abord constituée, puis mesurée à chaque année sur un ensemble d’indicateurs dont la santé psychologique (Gilbert et al., 2011) et le soutien social perçu (Denis et al., 2015). Étant donné l’attrition (13,8 % pendant 3 ans de TP), une deuxième cohorte a été constituée à partir du passage en formation à l’ENPQ. Au total, 1745 participants composent la cohorte suivie annuellement, alors que les recrues ont débuté leur carrière policière.
Les résultats montrent que pour 93,8% des recrues policières, le soutien social perçu est élevé et ne varie pas en fonction de l’âge et du genre. À propos de la santé psychologique au travail, les dimensions associées au bien-être montrent des niveaux élevés pour 93,9% des recrues. On remarque toutefois que 30,5 % des recrues affichent des niveaux plus élevés sur les dimensions liées à la détresse, notamment pour l’anxiété. Les hommes ont des niveaux de bien-être psychologique plus élevés que les femmes qui elles, rapportent plus d’anxiété. La relation entre le soutien social perçu et le bien-être psychologique est forte. Fait à noter, pour les recrues dont le soutien social perçu se situe à un niveau moyen (6,8 %), les dimensions liées au bien-être psychologique montrent des niveaux plus bas. L’hypothèse est donc vérifiée.
Au sein des recrues policières, le soutien social perçu est très élevé comparé à d’autres populations de travailleurs, en plus d’être associé au bien-être psychologique. Le parcours de formation semble avoir été propice à l’installation de liens au sein du groupe agissant comme facteur de protection. La période de transition entre la formation et le début de la carrière pourrait expliquer, du moins partiellement, pourquoi des indices de détresse psychologique sont plus élevés pour le tiers du groupe, et particulièrement chez ceux percevant moins de soutien social.
References: