Résumé
Contexte et problématique
Les travaux sur l’attachement au lieu du travail (Rioux, 2006) mettent en exergue des liens avec des variables organisationnelles telles que la reconnaissance professionnelle et le bien-être des salariés (Ein-Eli & Rioux, 2022), l’attachement affectif organisationnel (Scrima, 2014) et le confort au travail (Ajdukovic et al., 2014). La crise sanitaire provoquée par le COVID-19 ayant favorisé le développement du télétravail dans de nombreux pays afin de faire face aux risques de contamination (Elbaz et al., 2022), questionner l’attachement des travailleurs à leur lieu de travail apparaît nécessaire. La présente étude évalue le lien entre la pratique du télétravail et le niveau d’attachement des travailleurs camerounais à leur lieu de travail.
Méthodologie
L’étude a été réalisée auprès de 113 travailleurs camerounais (64 femmes ; 48 hommes ; 1 indéfini) dont l’âge moyen est de 36,6 ans (ET = 11,3). Les participants sont des professionnels de divers secteurs d’activités catégorisés suivant trois variables dont le statut hiérarchique (direction = 13; encadrants = 54 ; exécutants =39) et la forme de travail (télétravailleurs = 46; non-télétravailleurs = 65), et secteur d'activités (privé = 56; public = 54). Les participants ont répondu à un questionnaire auto-administré incluant l’échelle d’attachement au lieu de travail (Rioux, 2006) et des items se rapportant sur la situation professionnelle et la pratique du télétravail.
Résultats
La comparaison des moyennes d’attachement au lieu du travail des participants pointe un faible investissement du cadre physique d’exercice de l’activité professionnelle, tant chez ceux qui pratiquent le télétravail que ceux qui n’ont pas recours à ce mode travail : t(109) = -0,985, p = 0.327 (ns). La différence de  moyennes d’attachement au lieu de travail en fonction  du secteur d’activité (public vs privé) est également non significative : t(108) = -0,445, p = 0.65 (ns). La comparaison de moyennes entre les particpants en fonction du statut hiérarchique n'établit pas de différence entre les groupes :F(2, 103) = 0,0392, p = 0,962 (ns).
Discussion
Les résultats de cette étude mettent en lumière la faiblesse du lien émotionnel entre les travailleurs et leur lieu de travail. L’absence de différences significatives relativement à l’attachement au lieu de travail entre les différentes catégories de travailleurs suscite des questionnements quant au sens donné au travail dans un environnement social où les opportunités d’accès à l’emploi sont réduites.
Mots clés : attachement au lieu de travail ; télétravail ; sens du travail ; Covid-19 ; Cameroun.

References:

• Ajdukovic, I., Gilibert, D., & Labbouz, D. (2014). Confort au travail : Le rôle de l'attachement et de la personnalisation dans la perception de la qualité de l'espace de travail. Psychologie du Travail et des Organisations, 20 (3), 311-327. https://doi.org/10.1016/S1420-2530(16)30032-2
• Ein-Eli, E., & Rioux, L. (2022). Le rôle modérateur du harcèlement environnemental au travail dans la relation entre l’attachement au lieu de travail et le soutien organisationnel perçu. Étude auprès d’un échantillon féminin. Psychologie du Travail et des Organisations, 28 (2), 99-114. https://doi.org/10.1016/j.pto.2022.03.003
• Elbaz, S., Richards, J. B., & Provost Savard, Y. (2022). Teleworking and work–life balance during the COVID-19 pandemic: A scoping review. Canadian Psychology/Psychologie canadienne, 64(4). 227–258. https://doi.org/10.1037/cap0000330
• Rioux, L. (2006). Construction d'une échelle d'attachement au lieu de travail : Une démarche exploratoire [Construction of a workplace attachment scale: An exploration]. Canadian Journal of Behavioural Science / Revue canadienne des sciences du comportement, 38(4), 325–336. https://doi.org/10.1037/cjbs2006018
• Scrima, F. (2014). Comprendre l'attachement au travail pour agir sur le confort au travail. Psychologie du Travail et des Organisations, 20 (3), 295-310. https://doi.org/10.1016/S1420-2530(16)30031-0