AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
La coopération comme activité collective transformatrice de l'organisation du travail
BALBOA M. 1, SANDOVAL A. 2
1 Université Laval, Québec, Canada; 2 Le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), Paris, France
La recherche s’inscrit dans le cadre d’un projet pilote d’intervention réalisé entre 2022 et 2023 (Viviers et al., 2023), dans 12 écoles publiques du Québec, portant sur l’amélioration de l’organisation du travail par l’implantation d’un dispositif organisationnel. La visée était de prévenirdes problèmes de santé au travail, grâce aux effets induits par les changements organisationnels expérimentés. Cela nous a permis de comprendre comment le travail coopératif pouvait contribuer à l’élaboration d’interventions préventives en santé au travail, à condition de modifier, de manière temporelle et stratégique, les relations de pouvoir structurelles entre les enseignants et leur direction pour favoriser une co-élaboration de solutions de situations identifiées comme potentiellement à risque pour la santé au travail.
Les axes théorico-méthodologiques sur lesquels la présentation s’appuie sont la clinique du travail (Clot et al. 2024; Périlleux, 2010), la sociodynamique (Kaës, 1989 ; Pichon-Rivière, 1985) et la socioanalyse (Lourau, 1973). L’analyse des données a été structurée autour de l’étude de cas (Leplat, 2002), qui a permis la triangulation des types de données, des perspectives théoriques, des opinions d’experts et de différentes méthodologies d’analyse : socioanalyse (Lourau, 1970), analyse multimodale (Filliettaz, 2008), dialogisme en tant que méthode d’analyse discursive (Vološinov, 2010; Vion, 2005; et Rabatel, 2020). La présentation sera basée sur une analyse linguistique d’extraits des réunions de deux comités et de groupes de discussion effectués.
La communication mettra en avant comment l’activité collective transformatrice est possible quand l’intervention permet une flexibilisation du cadre institutionnel, favorisant une délibération qui ne reproduit pas les relations asymétriques de pouvoir instituées et permet aux enseignants directement engagés dans les situations discutées de faire valoir leurs points de vue. Mais si des changements ponctuels ont été possibles, nos analyses montrent que des changements en profondeur de l’organisation du travail auraient nécessité aussi le développement d’un mouvement contre-institutionnel permettant de se décaler du cadre institué pour pouvoir penser d’autres possibles, dans l’interaction entre des forces hégémoniques et contre-hégémoniques (Althusser, 2018 ; Lourau, 1973). Cette proposition amène à discuter d’une éventuelle politisation de l’activité des chercheurs et des professionnels engagés dans l’intervention, comme un élément fondamental du développement de stratégies efficaces de prévention en santé au travail. La conclusion de notre article mettra en évidence quelques éléments associés au problème de la relation de pouvoir comme déterminant des possibilités d’une intervention efficace et permanente de l’organisation du travail.
Les principaux thèmes de discussion ont été la structure organisationnelle en tant que déterminant socio-institutionnel de la double subordination du travailleur direct, et l’interaction des forces hégémoniques et contre-hégémoniques en tant que déterminant de l’activité collective transformatrice. D’autre part, l’activité transférentielle, comme déterminant des relations interprofessionnelles au sein du comité et de l’établissement, ainsi que comme déterminant de l’élaboration d’un projet coopératif de transformation de l’organisation du travail.
M-C : intervention organisationnelle, rapports de pouvoir, action transformatrice, prévention en santé au travail
References: