AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Expérience Décente du Travail : Conceptualisation et Validation d’une Echelle de Mesure
CHASSAING-MONJOU C. 1, ANGEL V. 1, POUYAUD J. 1, DÉPREZ G. 1
1 Université de Bordeaux, Bordeaux, France
Contexte
Le travail décent est défini par l’Organisation Internationale du Travail (OIT; Internationales Arbeitsamt & International Labour Conference, 1999) comme un droit humain fondamental visant à garantir aux personnes des conditions favorables telles que l’accès à un emploi productif, des revenus adéquats et des horaires décents. Toutefois, cette définition s’appuie principalement sur une approche économique et juridique. En psychologie, la Théorie de la Psychologie des Travailleurs (TPT; Blustein et al., 2016; Duffy et al., 2016) définit le travail décent en s’inspirant de la définition de l’OIT. Elle articule le travail décent autour de cinq dimensions qui visent à répondre aux besoins fondamentaux identifiés par la TPT (Autin et al., 2019; Duffy et al., 2016) pour améliorer le bien-être et la satisfaction au travail des travailleurs.
Objectif
Cependant, la TPT reste centrée sur les conditions d’emploi et non sur l’expérience subjective du travail (Blustein et al., 2023). Pour pallier cela, nous proposons d’explorer la perception subjective d’une activité professionnelle décente, en tenant compte de l’expérience vécue dans le cadre organisationnel, par le biais de la conceptualisation de l’Expérience Décente du Travail (EDT). L’emploi salarié étant la condition la plus fréquente dans les organisations, le leadership est alors une composante à part entière dans le vécu de l’emploi. Nous considérons que le leadership, qu’il soit formel (supérieur hiérarchique) ou informel (collègues), constitue un levier clef impactant cette perception de décence au travail. Une approche intégrant cette influence permettrait de développer une théorie du travail décent davantage ancrée dans les réalités des travailleurs pour favoriser un vécu de décence et de dignité. En effet, les études sur le leadership montrent l’impact, positif comme négatif, qu’il peut avoir sur l’expérience de travail, que ce soit sur le bien-être (Kim et al., 2018), l’engagement envers son travail (Naeem et al., 2020) ou encore la satisfaction envers son travail (Labrague, 2024). À ce jour, aucune recherche ne s’est intéressée à l’impact du leadership sur la perception de travail décent (Nourafkan & Tanova, 2023). Ce travail a pour objectif de conceptualiser l’EDT et de valider son échelle de mesure.
Méthode
Sur la base d’entretiens (N = 20), nous avons construit un pool de 70 items qui a été révisé par des experts (N = 7) puis des professionnels (N = 4), laissant 60 items. Une EFA (N = 308), CFA (N = 300) et une analyse de médiation (N = 483) ont été réalisées.
Résultats
Les 25 items restants montrent une structure en 6 facteurs (ω > .90) : 1) respect du superviseur.e, 2) respect des collègues, 3) rétribution juste, 4) autonomie, 5) sens trouvé dans le travail, et 6) ressources justes. Lors de notre communication, les résultats de notre CFA et les propriétés psychométriques de l’échelle seront présentés avec un modèle testant notre proposition concernant le rôle de l’EDT dans le vécu de la dignité au travail.
Discussion
La conceptualisation de l’EDT permet, pour la recherche, de compléter l’approche de la TPT en prenant en considération l’expérience subjective du travailleur et le cadre organisationnel. Concernant la pratique, elle permet l’évaluation d’un facteur de décence essentiel pour le bien-être et la qualité de vie des travailleurs. Les résultats et implications pour la théorie et la pratique seront discutées lors de notre présentation.
References: