AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Manager selon les principes de la permaculture : un nouveau regard sur la qualité de vie au travail au sein d’une collectivité territoriale
FESTINI N. 1, JEOFFRION C. 1
1 Université Grenoble Alpes (LIP/PC2S), Paris, France
L'évolution du rapport au travail, ainsi que les enjeux sociétaux et environnementaux amènent les organisations publiques à repenser leurs modes managériaux (CNFPT, 2023 ; Laloux, 2015). Cette étude présente une recherche réalisée dans le cadre d’une recherche-action ayant pour but d’accompagner une collectivité territoriale dans sa transformation managériale. Dans ses différents projets de mandature, celle-ci s’est saisie de la notion de sobriété et souhaite également faire évoluer son modèle managérial en ce sens. Ainsi, en réponse aux besoins de sens, de reconnaissance et de développement de soi des travailleurs (Caillé et al., 2020), la collectivité s’inspire de la permaculture pour s’orienter vers un management promouvant davantage le développement et la préservation des ressources (Hobfoll, 2001).
La permaculture s’inspire de modèles observables dans la nature pour créer des systèmes agricoles et humains durables. Elle repose sur des principes tels que l'observation, la synergie entre les éléments du système et la réduction des déchets (Mollison & Holmgren, 2021). En favorisant la diversification des cultures et la régénération des sols, elle vise à créer des systèmes résilients et autosuffisants. Des travaux ayant conduit des réflexions au sujet du permanagement ont alors permis d’identifier plusieurs notions délimitant des pratiques associées à ce modèle, tant sur la posture du manager que sur ses pratiques (Demarquet, 2022 ; Marcel et al., 2021 ; Pérocheau, 2018). En revanche, aucune étude scientifique n’a, à notre connaissance, été menée jusqu’alors au sujet du permanagement ou du management centré sur la protection des ressources. Cette étude interroge ce modèle émergent afin d’identifier les pratiques associées et les enjeux auxquels ce modèle peut se confronter. L’objectif est alors de mieux comprendre ces nouvelles formes de gestion pour mieux intervenir et accompagner ces changements organisationnels dans le cadre de démarche d’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail.
Des groupes de travail ont exploré les 12 principes de la permaculture pour définir les intentions managériales que souhaite insuffler la collectivité. Ces 4 séances ont abouti à un modèle en 6 dimensions, base de notre guide d’entretien. Au total 15 entretiens semi-directifs auprès de managers ont été réalisés et entièrement retranscrits afin de réaliser une analyse de contenu thématique, ainsi qu’une analyse de contenu lexicale avec le logiciel IRaMuTeQ.
Les résultats ont permis d’opérationnaliser 7 notions phares faisant référence aux pratiques d’observation, d’autonomie, de coaching, mais aussi à la mise en place d’une culture des diversités, à la plus-value de l’expérimentation au travail et du management participatif. La finalité du modèle consiste à limiter l’interventionnisme en observant les situations de travail, en privilégiant les micro-interventions afin de réguler et d’autonomiser l’équipe pour protéger et développer les ressources individuelles et collectives.
Les résultats montrent que ce modèle correspond davantage à une grappe de pratiques (Mattelin Pierrard et al., 2020) pouvant faire référence à d’autres concepts innovants, plutôt qu’une réelle innovation managériale en tant que telle. L’identification des freins et des leviers à la diffusion de ce type de pratique offre des clés de compréhension dans la recherche de moyens pour accompagner les organisations vers une approche régénérative du travail.
References: