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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session : Session posters 3 - 10 juillet de 10h30 à 11h00

Prédicteurs de la performance en mode de télétravail imposé : Étude par carnet au cours de la première vague de confinement de COVID-19

BURAKOVA M. 1, DARAR ALI A. 1, IAKIMOVA G. 2

1 Aix-Marseille Université, Nice, France; 2 Université Côte d'Azur, Nice, France

La pandémie de COVID-19 a contraint la population française au télétravail imposé qui s’est traduit par de nouvelles contraintes. Du point de vue des modèles des exigences-ressources (JD-R, Bakker et al., 2023) et des ressources travail-famille (WHR, ten Brummelhuis & Bakker, 2012), l’amplification des exigences causée par l’usage intensifié des TIC et les distractions à domicile, ainsi que le conflit travail-famille auraient des répercussions négatives sur la performance en télétravail imposé (De Macêdo et al., 2020 ; Pirzadeh & Lingard., 2021). Nous avons identifié les ressources de trois types (individu, tâche, organisation) qui pourraient améliorer la performance : soutien organisationnel, autonomie au travail, optimisme, qualité de sommeil et pratique des activités physiques (Lesener et al., 2020 ; Litwiller et al., 2017 ; Park & Kim, 2019). L’objectif de notre étude consistait à examiner les effets de ces ressources face aux exigences (horaire, charge de travail, usage des TIC, conflit travail-famille, distractions à domicile) en mode de télétravail imposé sur la performance dans la tâche. 
Une étude par carnet a été réalisée entre le 30 mars et le 7 mai 2020. Une partie des variables a été mesurée en mode transversale et l’autre en mesure répétée sur 5 jours ouvrés consécutifs. Le tri des données récoltées nous a conduit à sélectionner 141 participants ayant rempli le questionnaire sur 3 jours consécutifs, 423 observations au total. La modélisation multi-niveau a été réalisée sous Jamovi 2.3.3. 
Le modèle empirique retenu indique l’absence d’effets aléatoires en lien avec le moment de mesure et confirme les effets indirects des exigences, telles que le conflit travail-famille (β=-.07) et famille-travail (β=-.03), ainsi que des ressources, telles que l’optimisme (β=.13), la qualité de sommeil (β=.03) et le soutien organisationnel (β=.02) ; les effets des distractions à domicile sont à la fois directs et indirects (β=-.32). Ces effets sur la performance dans la tâche (R2aj=.30) sont médiatisés par l’engagement à l’égard du travail (β=.38) et l’équilibre travail-famille (β=.18), tandis que plusieurs exigences (horaires, charge de travail et usage des TIC) s’avèrent non prédictives. L’explication peut résider dans le contexte particulier du premier confinement marqué par le défi de la gestion du quotidien « enfermé » pesant plus que la nécessité d’adapter l’organisation de travail (De Macêdo et al., 2020). Le fait que la charge de travail en premier confinement soit diminuée (M=5.89) par rapport au temps normal (M=7.18) peut également expliquer l’absence d’effets prononcés des exigences de travail sur la performance. La ressource individuelle (optimisme) démontre l’effet de taille largement supérieure en comparaison avec la ressource organisationnelle. D'une part, le processus motivationnel (optimisme – engagement au travail – performance) permet de compenser le processus de déplétion de ressources (distractions – performance) en accord avec les postulats du JD-R (Bakker et al., 2023). D’autre part, l’effet néfaste des distractions traduit la situation des frontières floutées dans laquelle les ressources relatives au capital psychologue deviennent critiques (modèle WHR, ten Brummelhuis & Bakker, 2012). Nos résultats s'appliquent au contexte de télétravail non aménagé. Face au faible contrôle sur la perméabilité des frontières travail-famille, lorsque la performance diminue, les ressources individuelles s’avèrent les plus saillantes.

References:

  • De Macêdo, T. A. M., Cabral, E. L. D. S., Silva Castro, W. R., De Souza Junior, C. C., Da Costa Junior, J. F., Pedrosa, F. M., … Másculo, F. S. (2020). Ergonomics and telework: A systematic review. Work, 66(4), 777-788. https://doi.org/10.3233/WOR-203224 Demerouti, E., Nachreiner, F., Bakker, A. B., & Schaufeli, W. B. (2001). The job demands-resources model of burnout. Journal of Applied Psychology, 86(3), 499–512. https://doi.org/10.1037/0021-9010.86.3.499 Lesener, T., Gusy, B., Jochmann, A., & Wolter, C. (2020). The drivers of work engagement: A meta-analytic review of longitudinal evidence. Work and Stress, 34(3), 259–278. https://doi.org/10.1080/02678373.2019.1686440 Litwiller, B., Snyder, L. A., Taylor, W. D., & Steele, L. M. (2017). The relationship between sleep and work: A meta-analysis. Journal of Applied Psychology, 102(4), 682–699. https://doi.org/10.1037/apl0000169 Park, Y., & Kim, S. (2019). Customer mistreatment harms nightly sleep and next-morning recovery: Job control and recovery self-efficacy as cross-level moderators. Journal of Occupational Health Psychology, 24(2), 256–269. https://doi.org/10.1037/ocp0000128 Pirzadeh, P., & Lingard, H. (2021). Working from home during the COVID-19 pandemic: Health and well-being of project-based construction workers. Journal of Construction Engineering and Management, 147(6). https://doi.org/10.1061/(asce)co.1943-7862.0002102 ten Brummelhuis, L. L., & Bakker, A. B. (2012). A resource perspective on the work-home interface: The work-home resources model. American Psychologist, 67(7), 545–556. https://doi.org/10.1037/a0027974