Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Facteurs Émotionnels du Travail
Les déterminants psychosociaux des comportements écoresponsables des acteurs du milieu de la construction
BANSE G. 1, FRANCOEUR V. 1, BOURGAULT M. 1
1 Polytechnique Montréal, Montréal, Canada
Contexte et problématique
Le secteur du bâtiment et de la construction est reconnu comme l’un des plus polluants sur la planète, générant près de 37 % des émissions de GES en 2021. Conscientes de l’urgence climatique, plusieurs entreprises canadiennes s’engagent vers l'innovation durable et à « verdir » leurs chantiers. Cependant, l'adoption de ces initiatives se heurte à des obstacles, liés aux habitudes des travailleurs et aux particularités du secteur (sous-traitance, chantiers complexes, temporalité limitée), freinant ainsi la mise en place de pratiques durables. Afin de contribuer à identifier et réduire ces obstacles, cette étude empirique explore les déterminants psychosociaux influençant les comportements écoresponsables des acteurs de la construction.
Apport théorique
S’appuyant sur la théorie de l’échange social (Blau, 1964), cette recherche examine les facteurs psychosociaux associés aux comportements écoresponsables dans un secteur sous-étudié : les chantiers de construction. Cette théorie explique comment des déterminants psychosociaux, tels que le soutien social, peuvent engendrer des comportements écoresponsables via un mécanisme de réciprocité. Outre cette assise théorique, notre étude innove également en intégrant la mesure des émotions, rarement examinée dans ce contexte. Nous analysons donc le ressenti des travailleurs afin d’en cerner l’interaction avec la dimension comportementale. Nous proposons également une analyse différenciée en distinguant les comportements des travailleurs de ceux des gestionnaires, prenant ainsi en compte la diversité des rôles.
Méthodologie
Cette étude repose sur une méthode mixte. Des données qualitatives furent, d’abord, collectées lors d’entretiens individuels et de groupe menés en 2023, auprès de 19 professionnels de divers niveaux hiérarchiques sur quatre chantiers au Québec. Ces entretiens ont permis d’identifier les variables pertinentes à mesurer dans le cadre de l’enquête. Par la suite, un questionnaire fut construit autour des variables identifiées et d’une revue de littérature sur le sujet. Celui-ci fut administré en 2024, auprès de 164 répondants (travailleurs sur les chantiers et gestionnaires de bureau) et incluait notamment le soutien du superviseur, les émotions et le niveau d’engagement. Des analyses par régressions multiples furent ensuite réalisées à l’aide du logiciel SPSS.
Résultats et discussion
Les résultats confirment différentes hypothèses : 1) Le soutien du superviseur influence positivement les comportements écoresponsables; 2) Les émotions et l’engagement jouent un rôle médiateur entre le soutien du superviseur et les comportements écoresponsables. À la lumière de la théorie de l’échange social, les employés qui se sentent soutenus tendent à ressentir des émotions positives et développent un sentiment d’engagement, les incitant à adopter des comportements écoresponsables au travail en guise de réciprocité. Autrement dit, ils cherchent à « rembourser » le traitement favorable reçu par des actions pro-environnementales. L’analyse comparative entre gestionnaires et travailleurs suggère que ces derniers adoptent moins de comportements écoresponsables, ressentent moins d’émotions positives et présentent un engagement plus faible que les gestionnaires quant à l’environnement.
Bien que préliminaires, ces résultats ouvrent une voie intéressante pour mieux comprendre les facteurs favorisant les comportements écoresponsables dans un secteur qui en a résolument besoin.
References:
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