AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Prévention et sécurisation des Travailleurs
Repenser la conception des plans d’urgence d’industries Seveso : propositions issues de l’analyse de l’activité de cellules de crise en simulation
VANDESTRATE S. 1, DUBOIS L. 1, VAN DAELE A. 1
1 Université de Mons, Mons, Belgium
Des dysfonctionnements sont régulièrement rapportés quant à l’activité des cellules de crise (CDC) dans des contextes divers (Sauvagnargues et al., 2019). Ils peuvent être expliqués au regard de l’activité complexe que les CDC doivent mettre en place pour répondre aux exigences spécifiques des situations de crise (Rogalski, 2004 ; Wybo, 2012). En se référant à une approche ergonomique des situations de crise, cette activité est en partie dépendante des outils à disposition des CDC pour (ré)agir, tels que le matériel de communication et le matériel informatique, mais aussi les plans d’urgence. En particulier, les industries Seveso situées en Belgique doivent disposer d’un plan interne d’urgence (PIU), testé tous les trois ans (Loi du 1er avril 2016, Art. 14). Dans ce contexte, nous avons cherché à répondre à la question suivante : l’activité des CDC diffère-t-elle en fonction de la complétude de leur PIU ?
Pour ce faire, nous nous sommes appuyées sur des données collectées dans le cadre du projet Expert’Crise qui a consisté (entre autres) à conduire des simulations de situation de crise auprès d’exploitants d’industries Seveso. Des chroniques d’activité ont été conçues sur base d’enregistrements audio-visuels de dix simulations réalisées dans ce cadre. Pour chaque action requise de la part des CDC, leur activité a pu consister soit à activer leur PIU (non-écart), soit à l’ajuster (écart), soit à ne pas agir (inaction). L’activité des CDC a ensuite été comparée sur base de deux critères : la complétude de leur PIU au regard de la tâche attendue des CDC (analysée au préalable), et l’efficacité de leur activité au regard des problématiques résolues (ou non) endéans la simulation.
L’analyse a permis d’identifier trois groupes : les CDC plus efficaces disposant de PIU plus complets (groupe 1), les CDC moins efficaces disposant de PIU moins complets (groupe 2), et les CDC qui ont été plus efficaces malgré des PIU moins complets (groupe 3). L’activité de ces trois groupes est contrastée : les CDC du groupe 1 ont activé davantage leur PIU par rapport à celles du groupe 2 (qui ont présenté davantage d’inaction), tandis que les CDC du groupe 3 ont activé leur PIU, mais s’en sont aussi régulièrement écarté.
Les résultats montrent qu’un lien semble exister entre la complétude des PIU et l’efficacité de l’activité des CDC des groupes 1 et 2. Il faut également souligner le cas des CDC du groupe 3 qui sont parvenues à être efficaces malgré des PIU moins complets : elles en ont comblé les lacunes en s’adaptant. Ceci nous amène à questionner la conception et l’usage des plans d’urgence. A cet égard, deux visions coexistent actuellement : les envisager comme un outil de contrôle sur l’action des opérateurs, ou comme une ressource pour leur action (Bieder & Bourrier, 2013). Les résultats obtenus nous conduisent à suggérer que les PIU devraient être doublement flexibles. D’une part, il s’agit de soutenir l’activité d’adaptation aux imprévus qui peuvent être pris en compte dans les plans. D’autre part, il s’agit aussi de ne pas empêcher l’activité d’adaptation liée à l’expertise des opérateurs face aux imprévus qui ne peuvent pas être pris en compte dans les plans. Ce point de vue correspond davantage à une approche ergonomique des situations de crise : il s’agit de mieux tenir compte, dans la conception des PIU, des exigences auxquelles les CDC doivent faire face en situation.
References: