Apport théorique
Depuis quelques années, l'industrie des jeux vidéo connaît une demande croissante (ACLD, 2021; IGDA DSS, 2021), intensifiant la charge de travail et affectant la santé psychologique et physique des employés (Ilies et al., 2010). Pour atténuer ces conséquences, certaines organisations ont adopté la semaine de travail de quatre jours, favorisant la déconnexion entre travail et vie personnelle. Bien que cette flexibilité semble renforcer la résilience (Chakraborty et al., 2022), certains chercheurs avancent qu'elle pourrait accroître la charge mentale contenu du nombre d'heures de travail réduit (Spencer, 2022). Dans ce double contexte exigeant, marqué par les particularités de l'industrie des jeux vidéo et par les défis liés à la semaine de travail de quatre jours, il devient essentiel d’identifier des leviers efficaces pour aider les employés à faire face aux défis qu’ils rencontrent. L’un de ces leviers pourrait être la pratique de l’autocompassion, soit la bienveillance envers soi-même (Neff, 2003). En effet, cette pratique pourrait jouer un rôle clé sur la santé psychologique des employés en renforçant leur capacité d’adaptation et leur résilience émotionnelle (Ewert et al., 2021).

Par conséquent, cette étude s’intéresse au rôle de l’autocompassion sur deux indicateurs de santé psychologique :  le bien-être psychologique au travail et la détresse psychologique au travail,  auprès d’une organisation de jeux vidéo ayant implanté ce nouvel horaire.  

Méthodologie
Cette recherche transversale corrélationnelle s'inscrit dans un cadre de recherche plus vaste. Au total, 152 personnes employées ont complété les trois questionnaires en ligne mesurant les construits d’intérêts. En outre, les variables sociodémographiques de l’identité de genre, l’âge, le niveau de poste et le nombre de personnes à la charge ont été considérées puisqu'elles pourraient être révélatrices des habitudes autocompatissantes des employés. 

Résultats principaux
Les résultats préliminaires de cette étude mettent en évidence des liens positifs significatifs entre l’autocompassion et le bien-être psychologique au travail (β = 0,417, p < 0,001). Par ailleurs, l’autocompassion et la détresse psychologique au travail possèdent des relations négatives significatives (β = -0,457, p < 0,001). Les analyses de variances révèlent que l’autocompassion ne varie pas en fonction du genre (M(F) = 3,33 ; M(H) = 3,19, p = 0,428). Cependant, des différences significatives liées au genre sont observées pour le bien-être psychologique au travail et la détresse psychologique au travail. Les femmes détiennent un niveau de bien-être psychologique au travail inférieur (M = 3,605, p = 0,019) aux hommes (M = 3,805, p = 0,019). Dans cette même lignée, les femmes rapportent un niveau de détresse psychologique au travail supérieur (M = 2,24, p = 0,022) aux hommes (M = 1,88, p = 0,022).
 
Discussion 
Les résultats de cette étude mettent de l’avant le rôle de l’autocompassion pour accroître le bien-être psychologique au travail et réduire la détresse psychologique au travail. En misant sur l’autocompassion comme levier individuel, cette recherche permet de redonner du pouvoir aux employés pour favoriser leur bien-être en plus de renforcer le développement d’attitudes bénéfiques pour une meilleure santé mentale au travail. Les implications théoriques et pratiques seront davantage discutées lors de la présentation.