?1-Problématique
La question de la dégradation de la santé psychologique au travail reste d’actualité malgré les multiples actions faites à ce sujet. Ce problème ne cesse d’engendrer des pertes importantes. Il demeure donc, indispensable de continuer à chercher les facteurs susceptibles de régler cette situation, dans un contexte d’insécurité de l’emploi. Le job crafting apparait comme une solution. En effet, la littérature le présente comme un ensemble de comportements de remodèlement du travail, à l’initiative du salarié pour moduler les exigences et les ressources de celui-ci (Tims et Bakker, 2010). Dans ce sens, différentes études ont montré le rôle positif du job crafting sur le bien-être et l’engagement au travail (Demerouti et al., 2015 ; Letona-Ibañez et al., 2021). D’autres recherches ont plutôt mis en avant son rôle indirect dans la relation entre les exigences liées travail et la santé psychologique, notamment entre l’insécurité de l’emploi et l’engagement au travail (Musi, 2020) et le bien-être psychologique (Signore et al., 2024). La présente étude poursuit ce même objectif et consiste à évaluer les liens directs et indirects qui existent entre l’insécurité de l’emploi, le job crafting, l’engagement et le désengagement au travail. Plus précisément, il est question de tester les hypothèses suivantes :
H1 : L’insécurité de l’emploi est positivement liée au désengagement au travail (H1a) et négativement à l’engagement au travail (H1b),
H2 : Le job crafting est positivement lié à l’engagement au travail (H2a) et négativement au désengagement au travail (H2b)
H3 : Le job crafting joue le rôle de médiateur dans la relation entre l’insécurité de l’emploi et l’engagement au travail (H3a) et le désengagement au travail (H3b)

2-Méthodologie
Les participants de cette étude étaient 154 travailleurs camerounais dont 81 femmes (52,60%) et 73 hommes (47,40%), d’un âge moyen de 38,67 ans (écart-type de 7,97 ans) et issus des secteurs d’activité public (77,92%), privé (14,94%) et parapublic (7,14%), parmi lesquels, 32% de célibataires, 66% de mariés et en union libre, 2% de divorcés et 2% de veufs. 98% ont minimum le baccalauréat. La récolte des données s’est faite par questionnaire en ligne et en version papier. Les échelles utilisées pour l’étude étaient les suivantes :  les échelles d’engagement et de désengagement au travail de Gilbert et al. (2011), l’échelle du job crafting de Tims et al. (2012), l’échelle de l’insécurité qualitative au travail de Brondino et al. (2020) et l’échelle de l’insécurité quantitative au travail de Vander Elst et al. (2014).

3-Résultats
Les analyses de régression ont permis de confirmer les hypothèses H1 et H2 qui statuaient sur les liens significatifs entre les variables de cette étude. Des analyses de médiation ont, quant à elles testé l’hypothèse H3. Il en ressort que le job crafting ne joue le rôle de médiateur que dans la relation entre l’insécurité qualitative de l’emploi et l’engagement au travail. De ce fait, cette hypothèse est partiellement validée.  

4-Discussion
Ces résultats sont en cohérence avec les études antérieures (Ravelonarivo, 2021) et montrent l’intérêt pour les salariés de prendre en main leur devenir dans l’organisation. Cette forte implication a des effets bénéfiques sur eux et sur l’organisation. Cependant, l’absence de médiation du job crafting au niveau de certains liens, tel que obtenu dans les travaux de Topa et Aranda-Carmena (2022) nécessite des recherches plus approfondies.