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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session : Quand le travail devient vulnérable : prévention et interventions

Le syndrome de l'imposteur : la mobilisation de stratégies pour y faire face

CLOSON C. 1, LIVYNS C. 1

1 Université libre de Bruxelles, Bruxelles, Belgium

Le syndrome de l’imposteur, défini par Clance et Imes (1978), désigne une tendance persistante à douter de sa légitimité malgré des réussites objectives. Les personnes touchées attribuent leurs succès à des facteurs externes tels que la chance, tout en internalisant leurs échecs.Ce syndrome touche, au sein de la population générale, un individu sur cinq (Cromwell & al. dans Chassangre, 2016). Ces sentiments sont donc très prégnants, mais ceux qui les vivent n'en parlent que peu. De plus, les personnes ressentant le syndrome de l'imposteur ont du mal à accepter les retours positifs, souvent nombreux, qui leur sont faits (Ziani & al., 2020). Pour faire face au sentiment d'imposture, les individus mobilisent différentes stratégies de coping, qui peuvent être étudiées à travers le modèle de Lazarus et Folkman (1984). Ce modèle, conçu pour comprendre les processus d’adaptation au stress, distingue trois grandes catégories de stratégies. Les stratégies centrées sur l’émotion cherchent à atténuer les ressentis négatifs liés au stress, tandis que celles centrées sur le problème visent à modifier activement la situation stressante. Les stratégies de recherche de soutien social, enfin, reposent sur l’appui d’autrui pour faire face au stress. Dans le cadre de cette recherche, nous avons choisi de mobiliser ce cadre pour structurer l’analyse des stratégies évoquées par les participants, tout en l’adaptant au contexte particulier de l’imposture perçue.
Comment les personnes ressentant des sentiments d'imposture continuent-elles à avancer quand elles ne se nourrissent pas des propos positifs d'autrui à leur encontre et qu'elles ont du mal à parler de ce sentiment d'imposture ?
 
Méthodologie 
Cette recherche qualitative repose sur des entretiens semi-directifs menés auprès de huit travailleurs se reconnaissant dans les caractéristiques du syndrome de l’imposteur. Les données recueillies ont fait l’objet d’une analyse de contenu thématique en suivant les principes méthodologiques proposés par Braun et Clarke (2006).Les participants, hommes et femmes âgés de 23 à 55 ans, présentaient une diversité de profils et de statuts professionnels. La durée moyenne des entretiens était d’environ 1h15.

Résultats
Les résultats mettent en lumière des dynamiques complexes entre les stratégies de coping et les perceptions des feedbacks. L’isolement émotionnel, souvent nourri par le rejet des retours positifs, renforce le cercle vicieux du syndrome de l’imposteur. Les participants peinent à intégrer les feedbacks valorisants, tandis que les feedbacks négatifs, même modérés, amplifient leurs doutes. Les stratégies d’évitement, bien qu’apaisantes à court terme, alimentent une tension intérieure prolongée et rendent difficile la rupture avec ces schémas. 

Discussion
Nos résultats confirment les travaux des auteurs précédemment cités, en mettant en lumière la difficulté qu’éprouvent ces personnes à recevoir un feedback positif, surtout lorsqu’il contredit leur ressenti subjectif. Bien que d’autres stratégies soient mobilisées, leur efficacité semble limitée et elles s’accompagnent souvent d’un coût psychologique important?.Un accompagnement axé sur l’auto-objectivation des réussites, soutenu par un soutien social non pas dans une logique de renforcement ou de valorisation, mais comme un appui dans un processus réflexif, pourrait constituer une piste intéressante à explorer.

References:

  • Clance, P. R., & Imes, S. A. (1978). The imposter phenomenon in high achieving women : Dynamics and therapeutic intervention. Psychotherapy : Theory, Research & ; Practice, 15(3), 241?247. https://doi.org/10.1037/h0086006
  • Chassangre, K. (2016). La modestie pathologique : pour une meilleure compréhension du syndrome de l’imposteur. Psychologie. Université Toulouse le Mirail - Toulouse II.
  • Ziani, M., Roy-Prince, B., Pinget, N., Heidegger, M., Marquis, I., & Harvey, J. (2020). Le syndrome de l’imposteur : de quoi s’agit-il et comment l’apprivoiser ? Gestion, 45(1), 68.
  • Lazarus, & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal, and coping. Springer.
  • Braun, V., & Clarke, V. (2006). Using thematic analysis in psychology. Qualitative research in psychology, 3(2), 77-101.