En matière de RPS, les approches positivistes différencient diagnostic et préconisations. Face à leurs difficultés à transformer, des évolutions ont été proposées mais consistent plutôt à insérer des phases de formation ou de discussion qu’à modifier le processus d’intervention (Rouat et Sarnin, 2018). Il faudrait en effet construire à partir de la connaissance des acteurs du milieu, combiner temps d’analyse et de transformation et accompagner dans l’épreuve de la transformation (Guidou, 2017). Des tentatives ont été faites en ce sens, en clinique de l’activité ou en ergonomie mais aussi en psychologie du travail (Guidou, 2021). Pour autant, la confrontation nécessairement permanente et itérative, des acteurs comme des transformations, à la controverse professionnelle et au travail réel reste problématique en termes de complexité technique d’abord mais aussi en termes de temps et de coût.

Nous présenterons un dispositif de simulation d’activité de prévention par jeu de rôle. Dispositif de formation-action, il propose aux participants de « jouer » avec des avatars (représentant des troubles psychosociaux, TPS) cheminant dans une situation de travail métaphorisée par un labyrinthe.  Le jeu de rôle simule pour agir sur l’activité, dans une visée réflexive, constructive et transformatrice du sujet, de son activité et de la situation. Il introduit un rapport distancié, permet de faire « comme si », ouvrant ainsi la possibilité d’explorer des voies d’action (Bobillier-Chaumon et al., 2018). Les avatars et le labyrinthe étant matériellement placés devant les participants, la simulation permet d’observer l’activité en train de se faire, d’emblée une « tête au-dessus d’elle », d’abord en explorant les obstacles qui surviennent (matérialisés par des herses), ensuite en révélant les manières de s’y prendre face à eux, et enfin, en induisant les transformations nécessaires à leur levée. Connaissance de la complexité du travail et réflexions sur les transformations se font de paires et émanent directement des acteurs.

?Le dispositif, co-animé par un maître du jeu et un psychologue du travail, a été testé dans plusieurs contextes d’intervention. Les premières expérimentations soulignent une libération de la parole sur le travail, une facilité à simuler l’activité et à révéler les dilemmes en situation de travail et surtout une capacité d'élaboration collective de transformations. Des activités transitionnelles ont également été observées et soulignent l'accompagnement des acteurs dans l’épreuve affective de l’intervention.

La prévalence des RPS et les difficultés toujours observées à transformer les situations de travail obligent à créer de nouvelles modalités d’intervention (Guidou, 2024). La simulation d’activité de prévention via le jeu de rôle semble offrir plusieurs bénéfices : en plaçant visuellement le professionnel dans le labyrinthe de l’activité, et en lui demandant seulement à ce moment-là, de choisir parmi les avatars TPS, on évite le risque de psychologisation. La mobilisation des membres du groupe autour et au-dessus du labyrinthe permet de visualiser immédiatement l’ensemble des dilemmes et des obstacles, et contraint à la transformation et à la controverse sans lesquelles la herse ne peut se lever. Il semble également qu'après-coup, des salariés puissent ré-utiliser les noms de pièces du jeu dans leurs échanges; ce qui montrerait une transformation des manières de dialoguer autour des problèmes.

 

References:

• Rouat et Sarnin, 2018
• Bobillier-Chaumon et al., 2018
• Guidou, 2024
• Guidou, N., Sarnin, P., 2021
• Guidou, N., 2017