Bien que l’enseignement représente un métier honorable à forte dimension humaine, il est aussi une profession très exigeante. En effet, les enseignants sont exposés à de nombreux risques professionnels qui portent atteinte à leur santé physique et mentale (Kinman et al., 2011 ; Laugaa & Bruchon-Schweitzer, 2005 ; Van Droogenbroeck & Spruyt, 2015). Ainsi, c’est toute une tension qui règne sur l’atmosphère où exercent les enseignants leur métier. Ces derniers sont victimes des comportements agressifs de leurs élèves au sein des établissements scolaires (Jeffrey, 2011). Les enseignants marocains font aussi face aux comportements indisciplinés et à de multiples formes de violence de la part des élèves (Azouaghe, 2019 ; Boulahya, 2024 ; Ministère de l'Education Nationale, 2013).
Dans ce cadre, la présente communication s’attache à comprendre le vécu psychologique et professionnel des enseignants victimes d’agression de la part des élèves dans le secondaire collégial et qualifiant au Maroc. Pour ce faire, nous avons mené des entretiens non directifs auprès de cinq enseignants qui ont subi des actes de violence, notamment physique de la part de leurs élèves. A cet égard, il faut noter que le nombre d’enseignants interviewés, aussi petit soit-il, est pertinent compte tenu de la méthode d’investigation choisie à savoir l’étude de cas multiple (Corbière & Larivière, 2020). A cela s’ajoute le fait que, en l’absence d’un cadre de soutien institutionnel, les enseignants victimes d'agressions préfèrent souvent garder le silence par crainte d'être jugés ou dévalorisés, notamment lorsque l’agresseur est un élève.
Les données ont fait l’objet d’une analyse thématique manuelle. Celle-ci consiste à relever les segments thématiques pertinents de chaque participant pour chacune des questions du guide d’entretien que nous avons regroupés en catégories thématiques (Vallerand & Hess, 2004).
Les résultats révèlent que les enseignants victimes d'agressions souffrent profondément sur le plan psychologique et relationnel (e.g., humiliation, angoisse, peur, dépression, frustration, sentiment d'infériorité et d’isolement). D'un point de vue organisationnel, ces actes ont pour conséquences un manque d'engagement et de démotivation, rendant le travail des enseignants insupportable.
Ces résultats corroborent ceux de McMahon et al. (2017) selon lesquels les comportements agressifs des élèves envers les enseignants entraînent de nombreuses répercussions psychologiques. De même, d’autres travaux rapportent des effets négatifs du comportement agressif, comme la peur, des symptômes physiques et émotionnels, ainsi qu’une altération des relations personnelles et du rendement au travail (Berg & Cornell, 2016 ; Dzuka & Dalbert, 2007 ; Galand et al., 2007).
Cependant, les enseignants tentent de remédier à ces situations, en adoptant des stratégies d’ajustement variées. Il s’agit principalement de la recherche de soutien social auprès des collègues, amis et famille, des stratégies d’évitement, et dans une moindre mesure des stratégies centrées sur le problème. 
Pris ensemble, ces résultats vont dans le sens de la théorie « exigences-ressources au travail » de Bakker et Demerouti (2017), dans la mesure où l’agression à l’égard des enseignants entraine des effets multidimensionnels d’ordre personnel, relationnel et organisationnel.

Mots clés : Comportement agressif, violence scolaire, enseignants, santé psychologique au travail, stratégies d’ajustement.