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AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025

Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence

Session : Rapport au Travail en tension

Validation et adaptation d’une échelle sur les insécurités d’attachement au travail : Vers une nouvelle définition

MEDEIROS-ROBITAILLE L. 1, MALO M. 1

1 Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Canada

Cadre théorique. Selon Mikulincer et Shaver (2007, 2016), le système d’attachement à l’âge adulte s’activerait en présence d’une menace, incitant une personne à rechercher la proximité d’une figure d’attachement pour retrouver un sentiment de sécurité. Si la figure d’attachement ne répond pas de manière satisfaisante aux besoins exprimés, la personne utiliserait différentes stratégies pour faire face à la détresse vécue et apaiser les insécurités d’attachement sous-jacentes. S’appuyant sur ce cadre de référence, Richards et Schat (2011) ont développé l’Experience in Close Relationship (ERS), un instrument de type échelle mesurant les insécurités d’attachement au travail. L’insécurité d’attachement évitant au travail est définie comme une représentation négative des autres au travail qui s’observe par la perception que l’entourage professionnel ne saura pas répondre adéquatement à ses besoins (3 dimensions : évitement de l’intimité, inconfort dans la proximité et indépendance). Quant à elle, l’insécurité d’attachement anxieux au travail est caractérisée par une représentation négative de soi, sous-tendant la perception de ne pas mériter que les autres répondent adéquatement à ses besoins (3 dimensions : préoccupations envers ses relations, jalousie et peur du rejet). En résumé, l’insécurité d’attachement évitant est centrée sur la méfiance envers les autrespour répondre aux besoins exprimés, alors que l’insécurité d’attachement évitant serait associée à la perception de ne pas être suffisant pour l’autre. Bien que Richards et Schat (2011) proposent ces dimensions, les sous-dimensions associées à chacune des insécurités d'attachement ne sont pas clairement définies, ce qui complique leur opérationnalisation et leur interprétation au-delà de leur libellé. Dans ce contexte, cette étude vise à valider une adaptation de la version courte de la mesure de l’ERS en français, tout en clarifiant la structure dimensionnelle de l'instrument. 


Méthode. Suivant les étapes de la méthode de traduction inversée de Brislin (1970; 1986), l’équipe de recherche a traduit en français l’ERS (36 items). Trois échantillons indépendants (N1 = 287, N2 = 214, N3 = 139) ont été recrutés. Des analyses factorielles confirmatoires et des modélisations exploratoires par équations structurelles ont été menées pour examiner la structure factorielle de l’échelle, mesurer l’invariance de l’instrument et sa fidélité. 

Résultats. Des analyses préliminaires de la structure factorielle de l’échelle fournissent un appui à une mesure à 8 items (4 items par insécurité). Le modèle s’ajuste bien aux données (χ2 (17) = 21.113, p < ,001, χ2/dl = 1.24, CFI = .986, TLI = .978, SRMR = .046; RMSEA = .035, 90% CI = .000, .076). La cohérence interne et l’invariance temporelle de l’échelle vont dans le sens attendu. 

Discussion. Selon les items retenus, une nouvelle définition des insécurités d’attachement au travail sera proposée. Les items associés à l’insécurité d’attachement anxieux feraient référence à une image négative de soi et une hypervigilance envers la disponibilité d’autrui, alors que ceux associés à l’insécurité d’attachement évitant feraient référence à l’idée de compter sur soi et d’être en contrôle de ses émotions. Cette conceptualisation affinée des insécurités d'attachement au travail permettra aux chercheurs et praticiens de mieux comprendre et évaluer ces dimensions psychologiques, ouvrant la voie à des interventions plus ciblées en milieu organisationnel.

References:

  • Brislin, R. W. (1970). Back-translation for cross-cultural research. Journal of Cross Cultural Psychology, 1(3), 185–216. doi: 10.1177/135910457000100301
  • Brislin, R. W. (1986). The wording and translation of research instruments. Dans W. J. Lonner et J. W. Berry (Eds.), Field methods in cross-cultural research (pp. 137–164). Sage Publications, Inc.
  • Mikulincer, M., et Shaver, P. R. (2007). Attachment in adulthood: Structure, dynamics, and change. Guilford Press.
  • Mikulincer, M., et Shaver, P. R. (2016). Attachment in adulthood: Structure, dynamics, and change (2e éd.). Guilford Press.
  • Richards, D. A., et Schat, A. C. (2011). Attachment at (not to) work: applying attachment theory to explain individual behavior in organizations. Journal of Applied Psychology, 96(1), 169-182.