AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Qualité de Vie et les Enjeux de la QVCT
Étude nationale des stresseurs en services de réanimation / soins intensifs et impacts sur la QVCT et la dépression : résultats de l’étude PS-ICU 2
LHEUREUX F. 1, JOLLIVET M. 1, POULET S. 1, FOURNIER A. 2, CAPELLIER G. 1,3, LAURENT A. 2
1 Université Marie et Louis Pasteur, BESANCON, France; 2 Université de Bourgogne Europe, DIJON, France; 3 Centre Hospitalier d'Ajaccio, AJACCIO, France
1.Problématique. Les services de réanimation/soins intensifs sont particulièrement touchés par le stress (Papazian et al., 2023 ; Quesada-Puga et al., 2024). Cependant, les études traitant de l’identification des stresseurs dans ces services ont généralement employé des mesures sous-optimales (e.g., ne mesurant pas les stresseurs spécifiques), non-valides (i.e., créés ad hoc sans procédure aboutie de validation), et/ou non-élaborées à partir de contextes sociétaux et culturels variés (Laurent et al., 2020), limitant dès lors la fiabilité des résultats. Un nouvel outil (l’échelle PS-ICU) a donc été élaboré, avec des premiers résultats illustrant ses bonnes propriétés psychométriques (Laurent et al., 2021). Le second volet du projet PS-ICU, vise à en conforter les propriétés (objectif 1) et à identifier les stresseurs les plus associés à une QVCT réduite et à la dépression chez ces professionnels (objectif 2).
2.Méthodologie. En 2024, 42 services français ont participé à une étude transversale quantitative, avec 2455 participants en totalité, dont 487 médecins/internes et 1135 infirmier·ères. L’enquête comportait un volet individuel (échelle PS-ICU de 50 items, et l'échelle de QVT de Easton et Van Laar, 2018 ou de dépression CES-D10, Cartierre et al., 2011), ainsi que des données sociodémographiques et professionnelles. Elle comportait aussi un volet service, avec un questionnaire rempli par le·la chef·fe de service (e.g., ratio patients /nombre de lits, composition et effectif de l’équipe, planning et modalités de travail collectifs…). Des analyses de modélisation par équations structurelles exploratoire (ESEM) et d’homogénéité interne (ω de McDonald) ont été réalisées pour l’objectif 1, des régressions multiples pour l’objectif 2. Les valeurs manquantes et réponses aberrantes ont été traitées par imputation multiple par équations chainées (MICE) d’une part et les techniques local outlier factor (LOF) / distance de Mahalanobis d’autre part.
3.Résultats principaux et discussion. La structuration attendue en six facteurs corrélés a obtenu des indices satisfaisants d’ajustement échelonnés (CFI 0.955, RMSEA 0.044 [95% CI 0.043; 0.046], SRMR 0.03) et d’homogénéité interne (ω entre .74 et .83). Cependant, les saturations factorielles étant non conformes (<.30 ou double) sur le facteur six, ainsi que pour d’autres items, une analyse en cinq facteurs avec moins d’items a été réalisée et a obtenu des indices équivalents. Toutes professions confondues, trois facteurs de stress ont eu un effet significatif sur les symptômes dépressifs (adj.R² = .32) : F4 (charge de travail et difficultés liées aux ressources humaines, b = 0,22 ; SE = 0.03 ; p < .0001), F5 (climat de travail dégradé dans l’équipe, b = 0,13 ; SE = 0.02 ; p < .0001) et F3 (gestion de situations à risque / complexes, b = 0,09 ; SE = 0.25 ; p = .0002). Des résultats analogues s’observent en distinguant les professions. Si pour toutes celles-ci F4 et F5 ont été associés négativement au score global de QVT (p < .0001 ; adj.R² = .37), F1 (tensions et perturbations provenant de l’extérieur du service) a été négativement associé à la QVT uniquement pour les médecins/internes (b = 0,24 ; SE = 0.08 ; p = .003), alors que pour les infirmier·ères il s’agit de F2 (situations émotionnellement difficiles, b = 0,13 ; SE = 0.04 ; p = .002). Cette étude conforte la pertinence de l’outil dans l’évaluation des causes du stress et de leurs associations avec la QVCT et la symptomatologie dépressive.
References: