AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Prévention et sécurisation des Travailleurs
Développement d’un programme d’entraînement à la mentalisation destiné aux professionnels en relation d’aide: résultats préliminaires
MAHEUX J. 1, TRÉPANIER E. 1, ETHIER C. 1
1 Université du Québec à Trois-Rivières, Trois-Rivieres, Canada
1) Problématique et objectifs. Pour les clients comme pour les professionnels de la relation d’aide, tels que les psychothérapeutes, les intervenants sociaux ou les professionnels de la santé mentale, les émotions jouent un rôle central dans les interventions. La mentalisation, définie comme le processus affectif et cognitif consistant à donner un sens, de manière implicite et explicite, à nos expériences émotionnelles et à nos états mentaux ainsi qu’à ceux des autres, est une compétence cruciale à développer. Une bonne capacité de mentalisation est associée à une meilleure régulation émotionnelle, tout en renforçant la résilience face aux défis professionnels. Les études suggèrent que la mentalisation peut se développer spécifiquement en contexte professionnel. Cette étude visait 1) à concevoir un programme d’entraînement à la mentalisation en groupe destiné aux professionnels de la relation d’aide, 2) à le tester auprès d'intervenants en formation et 3) à évaluer, à l’aide d’un devis mixte, l’impact de ce nouveau programme sur leurs compétences et leurs connaissances ainsi que l’expérience des participants.
2) Méthodologie. Un total de 46 aspirants professionnels de la relation d’aide (38 femmes; M âge = 26,52 ans; ÉT = 4,02) ont participé à un programme d'entraînement visant à soutenir et bonifier la mentalisation en contexte professionnel d'intervention. Le programme était d'une durée de huit semaines et composé d’ateliers hebdomadaires de 90 minutes. Un questionnaire développé par notre équipe, évaluant les connaissances sur la mentalisation et leur aisance à les utiliser en contexte professionnel, a été administré au début et à la fin du programme. Des questions ouvertes sur leur expérience ont également été incluses dans l’évaluation. Nous avons utilisé le test non-paramétrique de Wilcoxon pour comparer les rangs moyens entre le T1 et le T2 en raison de la non-normalité des données. Une analyse thématique avec approche inductive et ascendante a été utilisée pour analyser les réponses ouvertes au T2.
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3) Résultats. Les résultats quantitatifs montrent une augmentation auto-évaluée des connaissances sur la mentalisation (intervalle W = 649,50 à 979,50) et de la facilité à utiliser la mentalisation dans divers contextes cliniques (intervalle W = 595,00 à 784,50), avec des tailles d’effet importantes. Les résultats qualitatifs préliminaires suggèrent que les participants ont intégré la mentalisation à différents niveaux, allant d’une meilleure compréhension du concept à des prises de conscience sur eux-mêmes en tant que professionnels, rapportant un impact à la fois sur leur résilience et leurs pratiques cliniques.
4) Discussion. Ces résultats soutiennent la pertinence et l'intérêt de ce programme d’entraînement à la mentalisation pour renforcer la résilience des intervenants face aux défis professionnels. Développer et évaluer ce type de programme est crucial pour optimiser les compétences émotionnelles et relationnelles dans les milieux de pratique. Poursuivre les recherches sur ce programme permettrait de préciser davantage son efficacité. Il est également essentiel de considérer la mentalisation non seulement comme une compétence individuelle, mais aussi comme un atout collectif au sein des équipes et des gestionnaires, afin de maximiser son impact positif. Les limites liées à l’implantation et à l’évaluation de ces programmes, ainsi que leurs applications concrètes, seront discutées.
References: