Problématique. Vis-à-vis des transformations sociotechniques profondes et en accélération dans le monde du travail, la capacité d’adaptation de l’individu est constamment mise à l’épreuve. Pour favoriser des organisations saines en réponse à cette réalité, il apparaît pertinent de pouvoir miser sur une connaissance approfondie des pensées et efforts que les individus utilisent pour gérer les demandes internes et externes des événements stressants, c’est-à-dire du coping (Folkman, 2012). Or, si la théorie transactionnelle du stress (Lazarus & Folkman, 1984) offre un cadre largement compris et utilisé pour étudier le processus de coping, la compréhension du phénomène est compliquée par des visions parfois concurrentes sur le plan conceptuel.
 
Objectifs. Considérant la grande diversité de la documentation sur le coping et le caractère subtil et continu des débats conceptuels, la présente étude vise donc, à travers une revue large de la documentation, à faire état des tendances en matière d’angles de conceptualisation du coping et à examiner de façon critique la cohérence entre la définition, les explications conceptuelles et théoriques et l’opérationnalisation du coping dans les documents portant sur ce construit.
 
Méthode. La méthodologie retenue est le cadre de la revue de portée (Arksey & O’Malley, 2005), méthode de synthèse de la documentation qui se penche sur une question de recherche exploratoire et qui vise à cartographier les informations clés ainsi que la nature et l’ampleur des connaissances existantes sur un sujet (Colquhoun et al., 2014). À partir d’une banque de données scientifiques contenant 1 516 études, 162 documents ont été retenus selon des critères d’inclusion et d’exclusion portant sur la qualité et la pertinence vis-à-vis des objectifs de l’étude. Par le biais d’une stratégie abductive de codage, le positionnement conceptuel des études a été classifié sur différents angles (contexte du coping et partie du processus de transaction).
 
Résultats. D’abord, la classification du contexte et de la partie de la transaction a permis de réaliser une proposition de typologie du coping basé sur ces deux paramètres. Ensuite, la compilation des fréquences d’occurrence des angles du contexte et de la partie de la transaction a permis le résumé des principales tendances dans la documentation. Finalement, la collecte d’angles du contexte et d’angles de partie de la transaction pour les différentes sections d’un même document permet de statuer sur la cohérence de ces éléments entre eux.
 
Discussion. Si les définitions du coping auxquelles les auteurs ont recours empruntent le plus souvent à la théorie transactionnelle du stress (coping propre à une situation spécifique et consistant en des efforts déployés pour y répondre), l’opérationnalisation du phénomène s’articule selon d’autres angles. Notamment, le coping est souvent mesuré de façon dispositionnelle plutôt que situationnelle et comme référant à des croyances stables plutôt que comme étant un ensemble d’efforts intentionnels. Alors que le coping est mesuré de façon distincte à la façon dont il est défini dans un même document, un désordre conceptuel s’installe dans la documentation. Sur le plan pratique, des recommandations sont faites aux chercheurs et utilisateurs de connaissance pour favoriser la cohérence et mieux aligner la lentille conceptuelle de la recherche sur le coping, construit pertinent dans le monde du travail contemporain et à venir.

References:

• Arksey, H., & O'Malley, L. (2005). Scoping studies: towards a methodological framework. International journal of social research methodology, 8(1), 19-32.
• Colquhoun, H. L., Levac, D., O'Brien, K. K., Straus, S., Tricco, A. C., Perrier, L., ... & Moher, D. (2014). Scoping reviews: time for clarity in definition, methods, and reporting. Journal of clinical epidemiology, 67(12), 1291-1294.
• Folkman, S. (2010). Stress, Coping, and Hope. Psycho-oncology, 19(9), 901-908.
• Lazarus, R.S., & Folkman, S. (1984). Stress, Appraisal, and Coping. New York: Springer.