AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Sentiment d’efficacité dans la recherche d’emploi : validation d’une mesure française et liens avec les comportements puis l’accès à l’emploi à 3 mois
RAUSCHER C. 1, MARIE C. 2, HOFFMANN M. 3
1 Université de Strasbourg, STRASBOURG, France; 2 Université de Lorraine, METZ, France; 3 CREST, Paris, France
Le Sentiment d’Efficacité Personnelle (SEP) dans la recherche d'emploi est la confiance dans ses capacités à pouvoir réaliser des comportements de recherche d'emploi et à voir cette recherche aboutir (Saks & Ashforth, 1999). Si le construit est évoqué dans la littérature depuis la fin des années 90, une échelle de sentiment d’efficacité dans la recherche d'emploi appropriée n'a été validée que récemment en anglais (Saks et al., 2015). Ce travail a par ailleurs mis en avant des liens positifs entre SEP dans la recherche d’emploi, comportements et aboutissement de la recherche d’emploi. Afin d’élargir ces résultats à un contexte français, nous avons traduit l’échelle en suivant les recommandations de Cha et al. (2007) puis avons collaboré avec France Travail pour éprouver ses qualités psychométriques. L’échelle a été envoyée à un échantillon aléatoire de 30 000 personnes inscrites à France Travail, puis a été renvoyée 3 semaines plus tard pour éprouver sa validité temporelle. 2 055 demandeurs d'emploi ont répondu à la première vague et 998 à la seconde. Nous avons par ailleurs extrait du système d’information de France Travail une série de comportements de recherche d’emploi ainsi que la situation d’emploi des personnes 3 mois après la dernière complétion du questionnaire.
Nos résultats indiquent la bonne validité de l’outil traduit, avec une structure en deux sous-dimensions répliquant celles proposées par Saks et al (2015, i.e. une dimension correspondant aux comportements et une autre aux résultats de la recherche d’emploi). L’outil présente une forte corrélation entre les résultats aux deux temps de mesure (r = .75, p < .001) et des corrélations moyennes avec l’estime de soi (Rosenberg, 1965, traduite par Vallieres & Vallerand en 1990)(r = .41, p < .001) ainsi qu’avec la motivation autonome à (re)travailler des personnes sans emploi (Camus et al., 2017)(r = .34, p < .001). Le SEP vis-à-vis des comportements dans la recherche d’emploi prédit positivement les comportements objectifs de recherche à 3 mois (β = 0.11 [0.01; 0.21], p = .031). A ce même temps de mesure, le SEP vis-à-vis de l’aboutissement de la recherche prédit uniquement l’accès à un emploi intérimaire (OR = 1.64 [1.19; 2.27], p = .003). Les résultats sont robustes à l’attrition.
En conclusion, ce travail apporte à la littérature française relative au SEP sur plusieurs aspects : (1) permet la validation d’un outil en français ; (2) réplique des travaux précédents en prédisant des comportements objectifs de recherche d’emploi et l’accès objectif à l’emploi après 3 mois; (3) tempère l’importance de l’auto-efficacité pour accéder à un emploi, les personnes n’accédant qu’à un emploi précaire d’intérimaire et non à un emploi durable après 3 mois.
References: