AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Interférences Travail-Famille
Intégration extrême du travail et de la vie privée : Exploration du modèle stress et récupération chez les astronautes
ROCHELEAU J. 1, BAIOCCO M. 1, MÉNARD J. 1, NICOLAS M. 2
1 Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada; 2 Université de Bourgogne, Dijon, France
La récupération, définie comme le processus de restauration des ressources physiques et psychologiques après avoir fait face à un stresseur ou une demande (Sonnentag et al., 2017), est essentielle pour le maintien du bien-être et de la performance des travailleuses et travailleurs. Une charge de travail élevée et la pression au travail peuvent nuire au processus de récupération (Sonnentag et al., 2022). L’adoption de conditions de travail plus flexibles des dernières années, telle que le travail à distance, ainsi que l’augmentation de la connectivité continue rendent les frontières entre le travail et la vie privée plus floues et perméables, pouvant également faire obstacle à la récupération (Sonnentag et al., 2022). Or, peu d’études ont évalué l’effet de l’intégration travail et vie privée sur le processus de récupération et encore moins auprès des astronautes (Pagnini et al., 2023).
Les missions spatiales constituent un laboratoire naturel précieux pour explorer ces effets en raison de l’intégration extrême du travail et de la vie privée. Les astronautes sont confrontés à des stresseurs occupationnels similaires à ceux des travailleurs typiques, tel que l’isolement, la monotonie sociale et la pression accrue du travail (Le Roy et al., 2023). Les conditions uniques du vol spatial exacerbent certains de ces stresseurs, rendant ainsi plus visibles des dynamiques de stress et de récupération qui seraient autrement difficiles à identifier dans un contexte de travail plus typique.
S’appuyant sur la théorie de la conservation des ressources (COR, Hobfoll, 1989), cette étude vise à évaluer le rôle modérateur de la récupération dans la relation entre le stress et le bien-être psychologique lors d’une simulation d’une mission sur Mars. Ainsi, on estime qu’un niveau plus élevé de stress est associé à un bien-être psychologique plus faible chez les astronautes en simulation (H1), tandis qu'un niveau plus élevé de récupération est associé à un bien-être psychologique plus élevé (H2). Finalement, la récupération modère la relation entre le stress et le bien-être psychologique, de sorte à atténuer l’impact négatif du stress sur le bien-être psychologique (H3).
Les données utilisées proviennent de l’étude Mars 500 réalisée par l'Institute of Biomedical Problems de Moscou. Six volontaires ont été sélectionnés par diverses agences spatiales et ont passé 520 jours dans des installations pressurisées simulant toutes les étapes d’un vol sur Mars. Des questionnaires mensuels ont été administrés pour évaluer le stress, la récupération et divers indicateurs du bien-être psychologique, comme les affects et les symptômes dépressifs.
L’analyse de modération multiniveau permettra d’étudier la relation entre les variables de façon plus précise, en considérant la structure hiérarchique des données. Les résultats préliminaires indiquent que la récupération joue un rôle significatif dans la réponse au stress et la promotion du bien-être psychologique, respectivement r = -0,80, p < 0,01 et r=0,56, p <0,05. Cela souligne l'importance de ce processus d’adaptation dans des contextes de travail où l’intégration entre le travail et la vie privée est extrême. En plus de contribuer à l’avancement des connaissances sur le bien-être psychologique des astronautes, cette recherche contribue à la littérature sur l’effet de l'intégration travail-vie privée sur la récupération.
References: