AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Santé et Bienêtre des practiciens hospitaliers
Santé au travail des pharmaciens hospitaliers en France
DODELER V. 1, MICHINOV E. 1, DEMAZIERE V. 3, LANFRANCHI J. 2
1 Université Rennes 2, LP3C, RENNES, France; 2 Université Paris Cité et Univ Gustave Eiffel, LaPEA, PARIS, France; 3 Pharmacien praticien hospitalier ; Centre Hospitalier de Moulins-Yzeure ; Membre du conseil d’administration du Synprefh, MOULINS-YZEURE, France
Contexte
Si la santé des personnels soignants fait l’objet de nombreux travaux, plus rares sont ceux sur la santé des pharmaciens hospitaliers (Dee et al., 2023 ; Blue et al., 2022). Toutefois, plusieurs enquêtes sur les soignants en France (SESMAT, AMADEUS, DREES) montrent des scores élevés de burnout parmi les pharmaciens hospitaliers (PH) et que le turnover tend à augmenter dans la spécialité.
Les objectifs de cette étude sont d’une part d’évaluer les niveaux de burnout parmi les pharmaciens hospitaliers français, et d’autre part d’examiner des déterminants de santé au travail sous le versant négatif (stress et épuisement) et positif (bien-être) dans le cadre du modèle des « demandes – ressources au travail » (Job Demands-Resources : JD-R ; Demerouti et al., 2001 ; Bakker & Demerouti, 2017).
Le JD-R est un modèle flexible qui pose que les ressources impactent surtout le bien-être alors que les demandes viennent surtout dégrader la santé par épuisement des salariés. Les ressources peuvent temporiser l’influence des demandes sur l’épuisement (hypothèse « buffer ») et les demandes peuvent augmenter l’importance de l’impact des ressources sur le bien-être (hypothèse de « boost »). Il postule que toute demande et ressource peut affecter la santé et le bien-être des salariés, et ne se limite pas à l’étude de certaines (Schaufeli & Taris, 2014).
Méthodologie
Un questionnaire en ligne a été diffusé par le Synprefh (syndicat des pharmaciens hospitaliers français) d’avril à juin 2022. Il mesurait : les caractéristiques socioprofessionnelles, le contenu du travail (Job Content Questionnaire de Karasek ; Niedhammer et al. 2006), les conditions de travail (interruptions de tâche, conciliation vie professionnelle/vie privée, isolement professionnel, relations avec collègues), l’épuisement professionnel (Burnout Assessment Tool, Schaufeli et al., 2020) et le bien-être (Indice de Bien-Être Psychologique au Travail, Dagenais-Desmarais, 2010).
L’échantillon (n=1145), dont l’âge moyen est de 43,2 ans, est majoritairement composé de femmes (78%), de personnes en couple (78%), avec enfants (70%), exerçant en structure publique (81%), titulaires ou en CDI (78%) et à temps complet (80%).
Résultats
28% des PH sont dans une situation de « travail tendu » au sens de Karasek (1979), couplant demandes psychologiques (DP) élevées et latitude décisionnelle (LD) faible. La majorité (67%) se situe dans une situation de « travail actif », couplant DP et LD élevées.
Les niveaux de burnout sont faibles à modérés avec un bien-être au travail plutôt élevé. Toutefois, 32% déclarent des symptômes de burnout élevés (28,2%) ou très élevés (3,8%).
Une modélisation par équations structurales (approche des moindres carrés partiels PLS ; Dijkstra & Henseler, 2015) a été réalisée sur la base du modèle JD-R. Les composantes Demandes - Ressources ont des impacts différents : le niveau d’épuisement dépend surtout de l’intensité des Demandes et plus faiblement des Ressources (βD = 0,63 vs. βR = -0,313 ; R² = 54%), alors que le niveau de bien-être dépend fortement du capital de Ressources et peu des Demandes (βR = 0,68 vs. βD = -0,14 ; R² = 51%). Les hypothèses de « buffer » et de « boost » ne sont pas confirmées.
Discussion
L’absence d’interaction entre Demandes et Ressources ainsi que la prépondérance de l’impact des ressources sur la santé des PH suggèrent d’orienter la prévention vers le développement des ressources au travail. Des groupes de réflexion de PH ont été mis en place à ce sujet.
References: