AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
L'impact de l'IA et de la robotique sur la qualité de vie au travail : Une perspective de la théorie de l'activité historico-culturelle
HOUSSEMAND C. 1, TAVARES VANDEN BERGHE A. 1
1 Université du Luxembourg, Esch-sur-Alzette, Luxembourg
Les développements récents en intelligence artificielle et en robotique transforment les expériences professionnelles en modifiant les interactions entre individus et environnements de travail. La théorie de l’activité historico-culturelle (CHAT), initialement développée par Vygotski et étendue par Engeström, offre un cadre pour comprendre ces transformations, considérant que la cognition et le comportement humains sont situés au sein de systèmes d’activité organisés collectivement et médiés par des artefacts [1]. S’appuyant sur Gubenko et al. [2], la communication montrera qu’elle s’applique également à l’environnement de travail, notamment par l’usage des agents artificiels, leur impact sur la qualité de vie au travail et leur influence sur la créativité professionnelle. Ses principes clés comprennent la médiation des actions par des outils et des symboles, le rôle transformateur des contradictions au sein des systèmes d’activité, l’évolution historique de celles-ci et leur caractère fondamentalement collectif, impliquant des objectifs partagés et des interactions entre de multiples acteurs. Longtemps utilisée dans l’éducation et la cognition [3], elle s’est étendue à d’autres domaines, dont l’interaction homme-machine, pour comprendre comment les outils numériques « médiatisent » l’expérience humaine [4]. Considérant que les contradictions sont intrinsèques à tout système d’activité et peuvent devenir des leviers de transformation, utiliser la CHAT comme ancrage théorique permet d’examiner les tensions entre individus, technologies, artefacts et structures organisationnelles, afin de comprendre comment améliorer la qualité de vie dans des contextes technologiques et stimuler la créativité professionnelle face aux changements. L’introduction de technologies pilotées par l’IA, de robots ou de systèmes de suivi a produit des effets ambivalents, certaines recherches évoquant une baisse de la qualité de vie des employés [5]. En appliquant ce modèle à l’environnement de travail, lorsque la direction met en place des agents artificiels dans le but d’améliorer la qualité de vie, il est possible d’analyser des contradictions nouvelles qui émergent et deviennent des zones potentielles de tension. Le souci de productivité peut s’opposer au besoin d’autonomie et de flexibilité des salariés, surtout si les outils sont perçus comme complexes ou intrusifs. L’alignement des agents artificiels avec les objectifs organisationnels n’est pas garanti, et les employés peuvent voir ces agents comme des remplaçants plutôt que des soutiens valorisants. La standardisation des processus risque de réduire les interactions informelles, la confiance, et, in fine, la créativité collective. La redistribution des tâches peut dévaloriser certains rôles et offrir des opportunités à d’autres, renforçant parfois les inégalités. Des politiques trop strictes et une surveillance accrue érodent la confiance et limitent la créativité. Ainsi, cette analyse du changement tenant compte des postulats de la CHAT permet de comprendre que si l’intégration des agents artificiels dans le milieu professionnel ouvre de réelles perspectives d’efficacité et d’innovation, leur impact sur la qualité de vie et la créativité professionnelle doit être évalué et maîtrisé avec soin. Dans le cadre de cette communication, des exemples concrets seront présentés afin de comprendre l’apport théorique de la CHAT à l’étude du contexte de travail et à son impact sur la qualité de vie au travail.
References: