DODELER V. 1, MICHINOV E. 1, DEMAZIERE V. 3, LANFRANCHI J. 2
1 Université Rennes 2, LP3C, RENNES, France; 2 Université Paris Cité et Univ Gustave Eiffel, LaPEA, PARIS, France; 3 Pharmacien praticien hospitalier ; Centre Hospitalier de Moulins-Yzeure ; Membre du conseil d’administration du Synprefh, MOULINS-YZEURE, France
Contexte
Si la santé des personnels soignants fait l’objet de nombreuses études, plus rares sont celles concernant les pharmaciens hospitaliers (PH). Certaines se sont intéressées aux facteurs impactant la santé des PH (Al-Ahmadi et al., 2020 ; Aldhwaihi & al, 2016 ; Dee & al, 2023 ; Rothmann & Malan, 2007), soulignant notamment l’impact de facteurs organisationnels tels que la charge de travail, les interruptions de tâches, la manque de personnel, le déséquilibre vie pro/perso. D’autres, aux facteurs jouant sur la satisfaction au travail (Kerschen et al., 2006 ; Machet et al., 2011 ; Shuleta-Qehaja & Kelmendi, 2025).
L’objectif de cette étude est d’analyser de manière qualitative les facteurs de pénibilité et de plaisir au travail des PH en France, ainsi que leurs propositions d’amélioration de leurs conditions de travail.
Méthodologie
Cette étude repose sur l’analyse de contenu thématique (avec double codage sur 20%) de trois questions ouvertes, issues d’un questionnaire plus large sur la santé au travail des PH :
- Merci d’indiquer par ordre décroissant les 3 choses
- que vous trouvez le plus pénibles dans votre travail :
- qui vous plaisent le plus dans votre travail
- Pour vous, quelles seraient les priorités pour améliorer vos conditions de travail ?
Ce questionnaire en ligne a été diffusé par le Synprefh d’avril à juin 2022.
L’échantillon (n=1145), dont l’âge moyen est de 43,2 ans, est majoritairement composé de femmes (78%), de personnes en couple (78%), avec enfants (70%), exerçant en structure publique (81%), titulaires ou en CDI (78%) et à temps complet (80%).
Résultats
Le premier constat est un taux de réponse élevé à ces trois questions ouvertes : de 73,4% pour les pistes d’amélioration des conditions de travail à 87,5% pour la pénibilité au travail.
Concernant la pénibilité perçue, ce sont interruptions de tâches qui sont le plus souvent citées (n=365). Suivent une charge de travail excessive (189), le manque de temps (168), la réalisation de tâches administratives (137), le manque ou l’absence de reconnaissance (126), le manque de personnel (119).
Ce que les PH jugent le plus plaisant dans leur travail, ce sont : la variété des activités et la polyvalence (544), le travail d’équipe, collaboratif, pluridisciplinaire (527), l’intérêt pour les activités réalisées et les possibilités d’apprentissage (260), l’autonomie (203), le sentiment d’être utile (157).
Enfin, pour améliorer leurs conditions de travail, les PH proposent de : améliorer leurs environnements de travail (226), avoir plus de personnel face à la charge de travail (223), redéfinir et/ou réduire la charge de travail (106), avoir plus de reconnaissance de leur travail (100).
Discussion
Les principaux éléments rapportés par les PH concernant la pénibilité perçue renvoient aux demandes du travail au sens de Karasek (1979) : interruptions de tâches, charge de travail excessive, manque de temps. Nos résultats confirment l’exposition des PH aux interruptions de tâche (Al-Ahmadi et al., 2020 ; Rothmann & Malan, 2007), à une charge de travail importante (Ferguson et al., 2011) ou à la réalisation d’activités qu’ils ne devraient pas faire (Machet et al., 2011). La variété des activités, et notamment la part des activités cliniques, avait été identifiée comme source de satisfaction au travail par Kerschen et al. (2006).
Cette étude s’est poursuivie par la mise en place de groupes de réflexion sur l’amélioration des conditions de travail des PH au quotidien.