AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Influence d’un role model sur l’estime de soi et la motivation à (re)travailler des demandeurs d’emploi : effet médiateur de la dynamique identitaire.
ALI TICONA M. 3, MARIE C. 2, VALLÉE B. 1
1 Université Rouen Normandie, Rouen, France; 2 Université de Lorraine, Metz, France; 3 Université Paris 8 (IED), Saint Saint Denis, France
Selon Bandura (2000), les personnes peuvent se tourner vers des modèles (auxquels ils se comparent ou des membres du groupe d'appartenance) pour restaurer leur motivation, leur sentiment d'efficacité, ou encore développer leur résilience face à l'adversité, surtout lorsque ces composantes ont été menacées. De nombreuses recherches soutiennent l'efficacité du role model (Gibson, 2004 ; Lockwood & Kunda, 1999) dans le contexte de l’emploi (Rivera et al., 2007) ou pour renforcer l'estime de soi (Wohlford et al., 2004). Ainsi, le fait de savoir qu'un individu comparable a réussi peut suffire à améliorer les performances, les attitudes ou la motivation dans un domaine où la personne serait menacée par un stéréotype négatif (Bagès et al., 2008). Ce phénomène n’a cependant jamais été étudié auprès de personnes sans emploi. Nous postulons aussi que les effets du rôle model sont médiés par la dynamique d’identification au groupe des travailleurs/demandeurs d’emploi. En effet, observer un membre de l’endogroupe en mesure d’accéder à un emploi peut permettre de se percevoir comme plus « capable de », aspect plus adossé à la catégorie du travailleur que celle du demandeur d’emploi. Dans l'étude de Bourguignon et Herman (2018), les demandeurs d'emploi qui s’identifient davantage au groupe des chômeurs ont développé une faible estime de soi. Jourdan et Herman (2005) ont observé que les demandeurs d’emploi s’identifiant fortement au groupe des travailleurs ont une meilleure estime de soi par rapport aux demandeurs d’emploi qui ont une faible identification au groupe des travailleurs.
Dans ce cadre, 78 huit demandeurs d’emploi (41 hommes et 37 femmes, âge moyen = 32,17 ans, durée sans emploi = 9,58 mois) de la région PACA ont été assignés (étude en ligne) à deux conditions. Dans la condition expérimentale (role model, n=36), un témoignage et une photo d’un ex-demandeur d’emploi étaient présentés. Le témoignage du personnage soulignait qu’il a été au chômage durant un temps, mais que grâce à sa persévérance et ses efforts (Bagès et al., 2008), il a réussi à trouver un emploi Les participants étaient ensuite invités à renseigner une échelle d’Inclusion of Other in the Self Scale (IOS, Aron et al. 1992), pour mesurer l’identification au groupe des demandeurs d’emploi et des travailleurs. Enfin, l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (1965, Vallières et Vallerand, 1990), l’échelle de motivation à (re)travailler (Camus et al., 2017) et des questions d’ordre sociodémographiques clôturaient les passations. Dans la condition contrôle (n=42), les participants devaient renseigner directement les items des différents questionnaires et les informations sociodémographiques.
Les résultats indiquent qu’en condition contrôle (situation de menace ordinaire), les participants se considèrent significativement plus comme des demandeurs d’emploi que des travailleurs. C’est la dynamique inverse que l’on observe sous condition role model. La condition role model a un impact sur l’estime de soi et la motivation autonome à (re)travailler. Enfin, la dynamique identitaire (se considérer plus comme travailleurs que demandeurs d’emploi) médiatise la relation entre la condition role model et nos variables d’intérêts.
Le role model peut ainsi constituer une modalité efficace dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi pour restaurer ou rehausser certaines variables psychosociales qui constituent des ressources non négligeables en matière d’insertion professionnelle.
References: