AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session :
Connaitre et reconnaitre les savoir-faire émergents dans les organisations hybrides
STEPHAN J. 1, IANEVA M. 1, POUSSARD E. 1, GAUDART C. 1, BOBIILIER CHAUMON M. 1
1 Conservatoire National des Arts et Métiers , Paris, France
Problématique/Contexte théorique
Avec la crise sanitaire, les entreprises ont pris des mesures dans l'urgence, pour rendre plus flexible l'organisation du travail (Boboc, 2020; Ianeva et al., 2021). Au sortir des confinements, de nouvelles modalités de travail dites « hybrides » se sont progressivement installées qui permettent d'alterner entre le bureau, la maison ou un tiers-lieu. Ces nouvelles configurations sociotechniques ont considérablement transformé les pratiques et ont conduit à l’émergence de nouveaux savoir-faire professionnels (Bobillier Chaumon et al., 2021). Ces nouveaux savoir-faire émergent localement et demeurent invisibles (pour l’encadrement mais également pour les professionnels eux-mêmes) temps qu’ils ne sont pas identifiés et discutés. De ce fait, il est nécessaire de les rendre visibles (au moins en partie) afin de les faire connaître puis reconnaître et ainsi contribuer : (i) à l’évolution de la prescription au sein de l’entreprise afin qu’elle tienne compte de ces nouvelles modalités de travail, mais également (ii) au développement des activités à l’échelle d’un métier (Stephan & al., 2022).
A partir d’une commande adressée par un institut paritaire d’une entreprise de télécommunication française, notre recherche-intervention (RI) cherche à saisir ces nouvelles modalités de travail – désignée comme activité 4.0 (Bobillier Chaumon et al., 2021) - pour co-concevoir les conditions à un travail soutenable et de qualité.
Méthodologie
Pour ce faire, nous mobilisons deux orientations en psychologie du travail, à savoir une approche compréhensive (i, ii) et une approche développementale (iii) des activités de travail (Clot & Lhuillier, 2010). Ainsi, dans un premier temps, l'étude s'appuie sur (i) une phase exploratoire auprès d'interlocuteurs (syndicats et direction) visant à préciser la problématique. Ensuite, l'étude s'attache à caractériser les organisations hybrides dans leur globalité à travers (ii) une enquête qualitative par entretiens et observations sur site. Dans un troisième temps, nous nous sommes appuyés sur les perspectives en clinique du travail pour (iii) expérimenter un cadre dialogique au sein d’une agence régionale de vente par téléphone. L’objectif de la démarche était de mettre en mots et reconstruire du commun via la mise en place d'ateliers collectifs de co-analyse de l'activité. Pour ces ateliers, en accord avec la direction de l’agence, nous avons sollicité des managers de proximité sur la base du volontariat : ces professionnels se trouvent à l'articulation entre organisation et salariés et sont pour cela particulièrement concernés par ces transformations.
Résultats/ Discussion
Notre contribution à ce symposium met en discussion d’une part la manière dont le travail « hybride » reconfigure les pratiques d’encadrement des managers. Nous montrons notamment les stratégies et les ressources interprétatives qu’ils élaborent pour « observer » le travail multi-localisé. D’autre part, notre communication cherche à problématiser les effets du cadre dialogique de co-analyse de l’activité comme manière de « mettre en visibilité » ces nouvelles pratiques professionnelles. A ce titre, le dispositif d’intervention participe à l’expérimentation d’un cadre de pensée pour rendre visible et lisible le travail aux travailleurs eux-mêmes et ainsi le rendre reconnaissable pour eux et entre eux. Il contribue également à la reconnaissance de cette expertise par celles et ceux qui dirigent (Scheller, 2001).
References: