AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Santé et Bienêtre des practiciens hospitaliers
Effets des facteurs psychosociaux et organisationnels sur le bien-être psychologique des infirmiers en milieu hospitalier
KHAOUDI A. 1
1 Université Moulay Ismail (FLSH), Meknès, Morocco; 2 Ecole Supérieure de Psychologie, Casablanca, Morocco
Problématique
Le secteur de la santé constitue un pilier central pour la stabilité et le bien-être des sociétés (Ndenzako, 2023). Les infirmiers, en tant qu’acteurs clés de la première ligne des soins, jouent un rôle déterminant dans la qualité des services et l’atteinte des objectifs de santé publique (CII, 2023a ; 2023b). Cependant, cette profession est exposée à d’importantes contraintes organisationnelles et psychosociales, telles que les horaires atypiques et la charge de travail élevée, dont l’impact sur la santé psychologique est bien documenté (Montgomery & Lainidi, 2024 ; Molero et al., 2022 ; Page & Graves, 2021 ; Vincent-Höper et al., 2017). En s’appuyant sur la théorie « exigences-ressources au travail » (Bakker & Demerouti, 2014, 2017), cette étude vise à approfondir l’analyse des ressources susceptibles de protéger le bien-être psychologique des infirmiers, en s’intéressant notamment à l’autonomie au travail, aux stratégies de coping, ainsi qu’à l’utilité perçue du métier, une variable encore peu explorée dans le cadre de cette théorie. Cette étude vise donc à enrichir les connaissances existantes en apportant un éclairage original sur l’articulation entre contraintes, ressources personnelles et organisationnelles, et bien-être, dans un contexte hospitalier public.
Méthode :
La présente étude s’appuie sur une enquête réalisée à l’aide d’un questionnaire auto-administré, distribué auprès d’un échantillon de 385 infirmiers exerçant en milieu hospitalier. Le questionnaire comprend des échelles permettant d’évaluer le bien-être psychologique au travail (Gilbert et al., 2011 ; α= .84), les horaires de travail (Van Veldhoven & Meijman, 1994 ; α= .91), la charge de travail, l’autonomie au travail (Karasek et al., 1998 ; α= .88), l’utilité perçu du métier (Azougahe, 2019 ; α= .92) ainsi que les stratégies de coping (Borteyrou, Truchot & Rascle, 2009 ; α= .90). Pour tester les hypothèses formulées, une analyse par régression multiple est réalisée, conformément aux recommandations méthodologiques de Judd et al. (2018).
?Résultats :
Les résultats indiquent que les horaires de travail (β = -.46, p < .001), la charge de travail (β = -.19, p < .001) et l’environnement physique de travail (β = -.39, p < .001), sont négativement associés au bien-être psychologique des infirmiers. De même, les stratégies de coping (β = .27, p < .001), et l’utilité perçu du métier (β = .41, p < .001) et l’autonomie au travail (β = .37, p < .001) sont positivement liées au bien-être des infirmiers.
?Discussion
Les résultats confirment que les exigences professionnelles ont un effet négatif significatif sur le bien-être des infirmiers, tandis que les ressources personnelles et organisationnelles agissent comme facteurs protecteurs. Ces constats s’inscrivent dans le cadre de la théorie des exigences-ressources (Bakker & Demerouti, 2014, 2017), selon laquelle les exigences prolongées nuisent à la santé mentale, tandis que les ressources favorisent le bien-être. Notre étude apporte une contribution originale en intégrant une ressource encore peu étudiée à savoir l’utilité perçue du métier, issue des travaux sur le sens du travail (Allan et al., 2019 ; Martela & Pessi, 2018). Cette ressource, souvent négligée dans les approches quantitatives, se révèle avoir un effet protecteur notable, soulignant l’importance du sens accordé à la profession dans la préservation du bien-être infirmier.
References: