AIPTLF 2025 - du 8 au 11 juillet 2025
Qualité de Vie :
Du Travail aux Autres Sphères de l'Existence
Session : Transformation Digitale au Travail
technostress et intention de turnover : rôles de l’ajustement des salariés à leur mode d’organisation du travail et de leur perception de relation LMX
VONTHRON A. 1, ARAB S. 1, CHEDUMBRUN J. 1, MOULLEC M. 1, PETRILLI S. 1, GIUNCHI M. 1
1 Equipe de recherche TE2O, Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale, Université Paris Nanterre, Nanterre, France
Apports théoriques
Les constats relatifs à l’usage professionnel et aux effets des technologies pointent l’existence du technostress c’est-à-dire d’un stress ressenti par les travailleurs exposés aux technologies et à leur utilisation dans les organisations (Ragu-Nathan et al., 2008). Cinq sources de technostress sont considérées par la conceptualisation avancée par Tarafdar et al. (2007) : techno-surcharge, techno-invasion, techno-complexité, techno-insécurité et techno-incertitude. Le technostress est un facteur important à considérer dans l’étude des conditions de travail contemporaines marquées par des évolutions technologiques rapides et constantes et par le développement de nouvelles modalités d’organisation du travail, incluant du télétravail (Molino et al., 2020). Si les liens entre l’ajustement au mode de travail ainsi que la qualité de la relation LMX et les intentions de turnover des salariés ont déjà été examinés (Petrilli et al., 2024), la façon dont le technostress peut conduire aux intentions de turnover reste à clarifier. Deux études présentées ici apportent des pistes éclairant les relations entre technostress et intention de turnover.
Méthodologie et résultats
La 1ère étude a été menée auprès de 142 salariés exerçant en France selon différents modes d’organisation du travail (dont 98 pratiquant du télétravail) qui ont complété :
l’échelle de mesure du technostress de Ragu-Nanthan et Tarafdar (2007) en 11 items permettant de disposer d’un score total et de scores pour les dimensions de techno-surcharge, techno-invasion et techno-complexité,
une échelle d’ajustement au mode spécifique d’organisation de son travail adaptée de l’échelle de Van Zoonen et al. (2021) en 5 items,
l’échelle de mesure de l’intention de turnover (Bertrand et al. 2010) en 6 items.
Les principaux résultats font état d’une part de liens positifs significatifs (p<.01) entre le score total de technostress ainsi que chacune de ses 3 sous-dimensions et l’intention de turnover. Ce lien s’avère particulièrement robuste en ce qui concerne la techno-complexité. Des liens négatifs significatifs (p<.01) sont constatés entre l’ajustement au mode de travail et le score total de technostress ainsi qu’avec les dimensions de techno-invasion et de techno-complexité. Les résultats indiquent aussi que les salariés qui pratiquent le plus fréquemment le télétravail ne présentent pas un technostress significativement plus élevé que ceux le pratiquant moins ou ne le pratiquant pas.
La 2ème étude complète la précédente en examinant comment la qualité de la relation d’échange du salarié avec son supérieur hiérarchique (modèle LMX) peut intervenir en lien avec le technostress à l’égard de l’intention de turnover. Parmi les 60 salariés répondants, 54 exercent en modalité hybride de travail. Le questionnaire auto-complété comporte les échelles de mesure du technostress et de l’intention de turnover déjà utilisées en 1ère étude ainsi que l’échelle de mesure de la qualité de l’échange Leader-Membre en 5 items de Graen (1995). Les résultats montrent que le niveau de technostress interagit de façon significative (p<.05) avec la relation LMX sur l’intention de turnover.
Discussion
Ces deux études incitent à approfondir les mécanismes conduisant du technostress à l’intention de turnover. Des pistes de prévention du technostress et des attitudes de retrait au travail qu’il peut engendrer, proposant des supports et soutiens organisationnels adaptés, seront détaillées.
References: